FR | EN

2 – Figures (images, tableaux, équations)

Les manuscrits liturgiques, qui accompagnaient la célébration des offices* et de la messe* des communautés chrétiennes, nous livrent de précieuses informations sur les pratiques cultuelles et l’organisation de la vie quotidienne des établissements religieux, des ordres* et des diocèses. L’étude de ces sources nous permet entre autres de reconstituer le chant des communautés, la hiérarchie et le cérémonial de leurs fêtes*, mais également d’aborder plus largement d’autres aspects – connexes à la liturgie – de l’histoire et de la vie des moines et des clercs : les fonctions des officiers de la liturgie ; la configuration des espaces dédiés au culte ou traversés par les processions* ; le nom des autels et des chapelles ainsi que l’époque de leur construction et de leur usage. Dans les domaines de l’histoire religieuse et de l’histoire politique : le culte des saints ; les positions théologiques d’une communauté (ainsi, dans les expressions de sa dévotion à la Vierge, aux anges*, etc.) ; les visites des rois et des prélats et l’accueil des pèlerins dans un sanctuaire ; la commémoration* (memoria) individuelle et collective des religieux et des laïcs ; le trésor des reliques*. Dans le domaine de l’histoire culturelle : les transferts de manuscrits et la diffusion des textes ; le rôle d’un établissement dans un réseau d’échanges, et sa possible identification à un centre spirituel, artistique et intellectuel ; les pratiques de chant et les systèmes de notation musicale* ; l’activité d’un scriptorium (les manuscrits liturgiques ayant souvent été produits dans l’établissement où ils devaient être utilisés) ; les évolutions tardives de la langue latine ; les formes de la poésie et du théâtre liturgiques (hymnes*, drames*…), etc.

L’élaboration du présent catalogue est né d’un constat : pour une pleine compréhension de ces réalités historiques, et pour appréhender la liturgie dans toutes ses dimensions et ses particularités locales, il est essentiel que le chercheur puisse prendre en compte la totalité des livres liturgiques d’une communauté encore conservés. Ces livres médiévaux se complétaient dans la pratique et possèdent un contenu différent selon leur typologie et leur destinataire, qu’il s’agisse par exemple du célébrant ou d’un chœur. Certains manuscrits ordonnaient ainsi les actions liturgiques et la hiérarchie des fêtes ; d’autres donnaient le texte entier, parfois notés, des chants, des lectures et des oraisons*. Pour cette raison, il existe une forte intertextualité entre les manuscrits, et l’un des objectifs de ce catalogue est de les mettre en évidence. Répondant en cela à l’intuition de la Bibliothèque virtuelle du Mont Saint-Michel, ce volume présente donc l’ensemble des sources liturgiques de l’abbaye bénédictine du Mont Saint-Michel# aujourd’hui identifiées. Il réunit les notices détaillées de dix-huit manuscrits et de quatre fragments, principalement conservés à la Bibliothèque patrimoniale d’Avranches# (quatorze volumes et quatre fragments) : la ville d’Avranches est en effet dépositaire des livres provenant de l’ancienne bibliothèque du Mont Saint-Michel depuis la Révolution française. Les quatre autres manuscrits ont quitté les bibliothèques du Mont ou d’Avranches entre la fin du XVIe siècle et la fin du XIXe siècle. Ils se trouvent à présent à la bibliothèque de l’abbaye de Maredsous#, en Belgique (un volume), au Morgan Library and Museum (autrefois Pierpont Morgan Library) de New York (un volume), à la Bibliothèque nationale de France à Paris (un volume) et à la Bibliothèque patrimoniale Villon de Rouen (un volume). Ces manuscrits, copiés après le Xe siècle, témoignent de l’unité de la liturgie montoise dans les derniers siècles du Moyen Âge, de ses évolutions tardives (rehaussement du degré de solennité* ou introduction de nouvelles fêtes dans le sanctoral*…) et de sa parenté avec d’autres usages liturgiques*.

L’introduction de ce catalogue présente l’histoire et les caractéristiques liturgiques de ces sources manuscrites. Certains termes de la liturgie sont expliqués dans un glossaire proposé à la fin du volume1 : la première occurrence de chaque terme décrit dans ce glossaire est suivie d’une étoile dans l’introduction. Le lecteur pourra également faire usage d’une liste d’ouvrages, de bases de données et de collections éditoriales utiles pour l’étude de la liturgie médiévale, présentée à la suite de la bibliographie générale sous le titre : « La liturgie latine occidentale : approche bibliographique ».

Histoire des manuscrits du Mont Saint-Michel

Le scriptorium du Mont Saint-Michel

Nous conservons donc aujourd’hui une vingtaine de manuscrits et de fragments liturgiques à l’usage de l’abbaye du Mont Saint-Michel. Par comparaison avec les deux autres bibliothèques bénédictines normandes les mieux conservées, nous relevons qu’environ vingt-huit manuscrits liturgiques à l’usage de La Trinité de Fécamp#2 et quarante-six manuscrits à l’usage de Jumièges#3 nous sont parvenus. Le corpus liturgique montois conservé paraît donc restreint, mais il a néanmoins l’intérêt de représenter une grande variété de sources, qui sont complémentaires et couvrent une période relativement large. La copie des manuscrits liturgiques montois, entre le XIe et le XVe siècle, s’inscrit plus largement dans une tradition de production de livres au sein de ce monastère. Le scriptorium du Mont, actif à partir de la fin du Xe siècle, était réputé tant pour la qualité de l’écriture de ses copistes que pour la richesse des décors exécutés par ses artistes. Il fut ainsi l’un des centres de copie les plus dynamiques de Normandie depuis l’an mille jusqu’au début de la période gothique, dans la première moitié du XIIIe siècle.

Les travaux pionniers de Geneviève Nortier4 et de François Avril5, réalisés entre 1950 et 1975, ont permis de mieux connaître l’histoire des scriptoria et des bibliothèques de neuf des plus importants monastères bénédictins normands. Ces enquêtes ont mis en lumière la grande richesse du patrimoine écrit de la Normandie produit durant la période ducale (911-1204), ainsi que la qualité artistique remarquable des livres copiés et enluminés à l’époque romane, du milieu du XIe au milieu du XIIe siècle, en particulier au Mont Saint-Michel#.

Ces recherches ont également révélé la forte disparité de la conservation des sources écrites anciennes, selon les établissements. À partir de la fin du Moyen Âge, plusieurs périodes de trouble ont en effet entraîné la dégradation, la dispersion et la perte de tout ou partie des fonds de manuscrits des communautés religieuses de la province ecclésiastique de Rouen. Les bibliothèques monastiques n’ont guère été épargnées, mais toutes n’ont pas été frappées de la même manière au cours de la Guerre de Cent ans (XIVe-XVe siècle), des Guerres de Religion (seconde moitié du XVIe siècle) et de la Révolution française (années 1790). Grâce au caractère insulaire et fortifié de son abbaye – réformée dès 1622 par les moines de la congrégation* de Saint-Maur, qui furent particulièrement sensibles à la bonne conservation des livres anciens – la bibliothèque du Mont Saint-Michel# a été mieux préservée que la plupart des fonds des autres abbayes, évêchés et églises normands. En classant ces monastères bénédictins en fonction du nombre de manuscrits médiévaux conservés, l’abbaye du Mont Saint-Michel se place ainsi, avec l’abbaye de La Trinité de Fécamp#, au deuxième rang avec un total de 225 manuscrits à ce jour identifiés6. Seule l’abbaye de Jumièges#, avec 374 manuscrits, les devance, d’ailleurs assez largement7. Jumièges, le Mont Saint-Michel# et la Sainte-Trinité de Fécamp précèdent les abbayes de Saint-Évroult# (140 manuscrits), Lyre# (130 manuscrits), Saint-Ouen de Rouen# (60 manuscrits), Saint-Martin de Sées# (56 manuscrits), Saint-Wandrille# (53 manuscrits), Le Bec# (34 manuscrits) et Saint-Pierre de Préaux# (26 manuscrits)8. D’autres communautés, telles que Saint-Étienne de Caen#, La Trinité de Caen#, Saint-Taurin d’Évreux#, Saint-Pierre-sur-Dives# ou encore Saint-Martin de Troarn#, ont pratiquement perdu l’intégralité de leur bibliothèque médiévale, pourtant sans doute très riche, entre le XVe et le XIXe siècle9.

Au cours des années 1960, Jonathan J.G. Alexander a mené une étude approfondie des manuscrits écrits au Mont Saint-Michel# entre 980 et 110010. L’analyse des mains des copistes et des décors des artistes lui a permis de regrouper les manuscrits par période, en proposant des fourchettes de datation resserrées et précises. Ce travail minutieux a servi de point de départ au projet d’Étude matérielle des manuscrits anciens du Mont Saint-Michel en 2019-202011. Les analyses réalisées dans ce cadre à l’aide d’outils portables et non invasifs par l’équipe du Centre de Recherche sur la Conservation (CRC) ont permis de caractériser les parchemins, les encres et les matières colorantes (pigments, colorants organiques et liants) utilisés dans le scriptorium du Mont Saint-Michel à l’époque romane. Cette enquête a ainsi mis en lumière l’évolution des pratiques des copistes et des enlumineurs actifs au Mont Saint-Michel pendant plus d’un siècle. Plusieurs ruptures dans l’usage des matériaux ont pu être observées, en particulier pour les couleurs rouge et jaune et pour l’emploi du parchemin de veau12.

À ce jour, l’activité du scriptorium est donc mieux connue pour le XIe siècle, pour lequel plus d’une douzaine de copistes sont nommément connus, que pour les suivants. Les recherches récentes de Benjamin Pohl et de Thomas Bisson ont néanmoins apporté de nouveaux éléments importants pour la connaissance de la production des livres durant les abbatiats de Bernard# (1131-1149) et de Robert de Torigni# (1154-1186)13. Tous deux originaires du Bec, ces deux abbés montois semblent avoir joué un rôle essentiel pour la circulation et la transmission des textes entre ces deux monastères. Néanmoins, la connaissance de l’activité du scriptorium au XIIe siècle reste pour l’heure moins approfondie et plus incertaine que pour le siècle précédent : les conclusions de Benjamin Pohl et de Thomas Bisson divergent d’ailleurs en plusieurs points. La tâche est d’autant plus difficile que seuls de rares scribes de cette période ont été identifiés, et que les décors des manuscrits sont plus sobres que ceux de la période précédente14.

Dans la première moitié du siècle suivant, l’activité d’un artiste très talentueux, actif sous l’abbé Raoul de Villedieu# (v. 1223 / 5-1236), et qui a produit les riches décors enluminés à la feuille d’or d’au moins quatre volumes, montre que le scriptorium du Mont Saint-Michel était toujours actif et capable de produire des ouvrages de luxe remarquablement calligraphiés et décorés au début de la période gothique, à l’époque de la construction de la Merveille15. Mais nous ignorons presque tout de la production de livres au Mont Saint-Michel# après cette époque. De nouveaux travaux mériteraient donc d’être entrepris afin d’éclairer l’activité de ce centre de copie aux XIIIe, XIVe et XVe siècles, au cours desquels plusieurs manuscrits liturgiques semblent avoir été produits par des moines du lieu.

S’il est en effet raisonnable de penser que des manuscrits liturgiques tels que les ordinaires#*, reflets fidèles d’une pratique locale dans tous ses détails cérémoniaux, ont été copiés dans le scriptorium de l’abbaye, nous savons toutefois qu’au moins un missel#* fut réalisé à Paris# à la demande de l’abbé du Mont Saint-Michel Pierre Le Roy# (1386-1410), comme le révèlent les Gestes# de cet abbé dans le manuscrit Avranches, Bibl. patr., 211# (f. 79r) : « Dedit eciam nobile missale serviens ad magnum altare quod fieri fecit Parisius ». Ce missel semble aujourd’hui perdu : Geneviève Nortier proposait de l’identifier avec le missel Avranches, Bibl. patr., ms 42#, mais celui-ci ayant été copié et enluminé au Mont Saint-Michel# au cours des années 1220-1230 et n’étant pas contemporain de l’abbatiat de Pierre Le Roy, nous rejetterons pour notre part cette identification16.

Dispersion de la bibliothèque à l’époque moderne

Il reste difficile de connaître le contenu exact de la bibliothèque du Mont Saint-Michel# au Moyen Âge, aucun catalogue médiéval n’étant parvenu jusqu’à nous. Seuls les manuscrits conservés nous permettent de nous faire une idée, assez approximative, de la richesse exceptionnelle de ce fonds.

Entre 1558 et 1622, quelques manuscrits montois contenant des œuvres d’auteurs classiques latins et des ouvrages historiques ont éveillé l’intérêt des érudits. Plusieurs de ces livres ont intégré les bibliothèques de collectionneurs et de savants à cette époque17.

Le contenu de la bibliothèque moderne est mieux connu après la fin du XVIe siècle18. Les moines mauristes nous ont en effet laissé plusieurs inventaires et catalogues, décrivant avec précision, et souvent de manière complémentaire, les manuscrits présents dans la bibliothèque montoise entre 1639 et 173919. Ces listes descriptives signalent l’existence de près de 300 volumes manuscrits dans la bibliothèque mauriste, lesquels sont, pour la plupart, restés sur place durant le XVIIe et le XVIIIe siècle20. Ainsi, à la veille de la saisie des livres du monastère lors de la Révolution française, la présence de 290 manuscrits dans la bibliothèque mauriste du Mont Saint-Michel# est attestée en février 179021. L’inventaire du dépôt littéraire d’Avranches# – où fut transportée la bibliothèque montoise en décembre 179122 – dressé par Pierre François Pinot-Cocherie# (1752-1816)23, Jean Louis André Bournhonet# (1756-1835) et un continuateur anonyme entre juin 1794 et avril 1796, recense 264 manuscrits médiévaux montois en 179524. Plusieurs catalogues de la Bibliothèque municipale d’Avranches, composés entre 1821 et 1889, permettent de mesurer et de dater avec une certaine précision les pertes subies par le fonds depuis la Révolution. De 1821 à nos jours, nous observons une très grande stabilité du fonds, puisque 199 à 200 manuscrits médiévaux montois sont restés en permanence dans les collections de la bibliothèque municipale d’Avranches depuis deux cents ans25.

En trente ans, de 1791 à 1821, environ 90 manuscrits ont donc disparu, soit près d’un tiers du total inventorié en 1790. Il s’agit incontestablement de la période la plus critique dans l’histoire de la conservation de ce fonds. Elle se situe entre le départ des livres de l’île fortifiée du Mont Saint-Michel# et l’organisation de la bibliothèque municipale d’Avranches# en 182026. Si l’on se concentre exclusivement sur cette période, on constate que 26 manuscrits ont été perdus entre 1791 et 1795, sans doute au cours de deux événements propices à la destruction ou à la dispersion des livres : d’une part lors de leur transfert du Mont Saint-Michel à Avranches dans des tonneaux le 22 décembre 1791 (toutefois aucun témoin contemporain ne relate l’existence de vols à cette occasion) ; d’autre part, et surtout, lors de l’occupation de la ville d’Avranches par l’armée catholique et royale vendéenne entre le 7 et le 12 novembre 1793. De nombreux vols et d’importantes dégradations ont en effet été signalés à cette époque27.

Soixante-quatre autres manuscrits ont disparu entre 1795 et 1821 : il faut sans doute cette fois majoritairement placer ces disparitions après la fermeture de l’école centrale d’Avranches (1796-1803)28, qui avait hérité d’ouvrages du dépôt littéraire d’Avranches# pour la constitution de sa bibliothèque. Le 25 janvier 1804, lors de la démission, à l’âge de 75 ans, de Julien Cerisier# (1729-1809), bibliothécaire de cette école, celui-ci demanda au préfet que son bibliothécaire-adjoint, Julien Lesplu-Dupré# (1766-1838), prenne la direction de la bibliothèque de l’école secondaire (cette dernière avait remplacé l’école centrale d’Avranches et prit plus tard, en 1811, le nom de collège municipal d’Avranches). Lesplu-Dupré, qui était également professeur dans cette école, a en outre œuvré personnellement à la restauration du grand séminaire de Coutances# en 181029. Or plusieurs livres imprimés du Mont Saint-Michel, encore décrits dans l’inventaire révolutionnaire de 1795 et qui appartenaient alors à la bibliothèque du collège municipal d’Avranches, dont Lesplu-Dupré avait la charge, ont été transférés dans le fonds de la bibliothèque du grand séminaire de Coutances entre 1810 et 1815. Lesplu-Dupré pourrait donc être à l’origine de ces transferts de livres. Nous retrouvons en effet aujourd’hui certains d’entre eux dans le fonds ancien de la bibliothèque diocésaine de Coutances, qui a recueilli le fonds du grand séminaire de Coutances à sa fermeture en 1971.

Si d’importants vestiges de l’ancienne bibliothèque du Mont sont aujourd’hui conservés, les archives de l’abbaye furent pour une grande part détruites en 1944 lors des bombardements de la ville de Saint-Lô# et des Archives départementales de la Manche. Nous pouvons imaginer que certains choix liturgiques de la communauté étaient mentionnés dans les statuts capitulaires, disparus. Les pièces d’archives toujours existantes, dispersées entre plusieurs institutions, ont été inventoriées par Michel Nortier, Henry Decaëns, Marie Bisson et Richard Allen30.

La destinée des manuscrits liturgiques après le XVIIe siècle

Les moines mauristes inscrivirent les cotes de dom Le Michel# et de dom Montfaucon# sur leurs manuscrits et en outre, sur certains d’entre eux, l’ex-libris de l’abbaye. Autant de traces qui attestent la présence de plusieurs manuscrits liturgiques dans la bibliothèque du Mont Saint-Michel# à l’époque moderne et qui permettent d’établir une liste des livres liturgiques disparus – que nous compléterons plus loin grâce aux indications de l’inventaire révolutionnaire de Pinot-Cocherie#. Le tableau suivant (cf. tableau 1) propose une équivalence de la cote actuelle des manuscrits présentés dans ce catalogue avec d’une part les cotes présentées dans les inventaires mauristes et d’autre part le numéro d’inventaire révolutionnaire. Lorsque la cote des inventaires, perdue lors des campagnes de reliure successives réalisées entre le milieu du XVIIe siècle et aujourd’hui, ne figure plus sur le manuscrit, nous signalons entre crochets la cote qui nous semble la plus probable, dans les deuxième et troisième colonnes. Les identifications proposées des numéros de l’inventaire de Pinot-Cocherie, qui ne sont jamais reportés sur les livres, sont également données entre crochets, dans la quatrième colonne. Les notices du catalogue présentent l’ensemble des cotes anciennes des manuscrits, que nous ne reproduisons pas toutes dans ce tableau.

Cotes actuellesCotes de dom Le Michel (1639)Cotes de dom Montfaucon (av. 1739)N° d’inventaire Pinot-Cocherie (1795)
Avranches, Bibl. patr., ms 39#-[n. 13][Théologie 582]
Avranches, Bibl. patr., ms 42#-n. 11[Théologie 505]
Avranches, Bibl. patr., ms 44#-n. 8[Théologie 714]
Avranches, Bibl. patr., ms 46#[Z3, Z4 ou Z5 ?]n. 215[Théologie 185]
Avranches, Bibl. patr., ms 68#[H6] + H8n. 90[Théologie 478]
Avranches, Bibl. patr., ms 73#H1n. 200[Théologie 784]
Avranches, Bibl. patr., ms 86#[A20] + T10n. 96[Théologie 43]
Avranches, Bibl. patr., ms 128#S14n. 158[Théologie 916]
Avranches, Bibl. patr., ms 129#S5n. 40[Théologie 681]
Avranches, Bibl. patr., ms 130#[S16]-[Théologie 574]
Avranches, Bibl. patr., ms 131#[S13][n. 17 ?][Théologie 614]
Avranches, Bibl. patr., ms 162#[II6]n. 207[Histoire 840]
Avranches, Bibl. patr., ms 163#P3n. 211[Théologie 789]
Avranches, Bibl. patr., ms 168#[V2][n. 14][Théologie 2000]
Avranches, Bibl. patr., ms 211#[II9 + II10]n. 204[Histoire 712]
Avranches, Bibl. patr., ms 214#[R5 + R8 + Z3, Z4 ou Z5 ?]n. 206[Théologie 724]
Avranches, Bibl. patr., ms 215#[R7]-[Théologie 903]
Avranches, Bibl. patr., ms 216#[Z3, Z4 ou Z5 ?]n. 213[Théologie 175]
Maredsous, bibliothèque de l’abbaye, ms 16° / 1#--[Théologie 1417, 1422 ou 1429 ?]
New York, Morgan Library and Museum, ms M.641#---
Paris, BnF, ms NAL 424#--[Théologie 1417, 1422 ou 1429 ?]
Rouen, Bibl. patr., ms mm 15 (suppl. CGM 116)#---

Nous relevons au sein du manuscrit moderne qui servit de source à l’inventaire publié par dom Montfaucon# (BnF, ms lat. 13069#, f. 216r) la mention : « 10. Pars missalis in quo reperiuntur quaedam praefationes quae non sunt in usu. » Cette description ne désigne pas un livre à l’usage du Mont Saint-Michel mais un sacramentaire#* provenant de Saint-Benoît-sur-Loire# : la cote « n. 10 » apparaît en effet sur la garde supérieure du sacramentaire Avranches, Bibl. patr., ms 41#. Ce manuscrit semble avoir été décrit comme « Missale abbreviatum » sous le numéro Théologie 728 dans l’inventaire révolutionnaire de Pinot-Cocherie#.

Certains livres liturgiques, mentionnés dans les inventaires de dom Le Michel# et de dom Montfaucon#, ne correspondent pas à des manuscrits conservés selon l’étude de leurs cotes anciennes, ou n’ont pu être identifiés avec certitude. Nous présentons ci-dessous la description de ces manuscrits aujourd’hui disparus, qui donne une image plus exacte du fonds des livres liturgiques médiévaux encore conservés au Mont Saint-Michel# au XVIIe et au XVIIIe siècle :

Inventaire de dom Anselme Le Michel (1639) :
« G9. Sacramentarium# d. Gregorii. »

Inventaire de dom Bernard de Montfaucon (1739) :
« 6. Psalterium# cum quibusdam orationibus et himnis. »
« 12. Orationes et praefationes quaedam per totum annum ex libro sacramentorum sancti Gregorii. »
« 15. Graduale# ad usum monasterii. »

Nous citons plus bas, parmi les sources liturgiques secondaires de l’abbaye, des oraisons, des prières, des leçons* et des offices transcrits dans le manuscrit Avranches, Bibl. patr., 213#. Ce manuscrit n’est pas un livre liturgique mais une compilation de textes consacrés aux anges ; il est cité sous la cote : « n.218 » et sous le titre : « Officium de Angelis » dans le catalogue de Montfaucon31#. Il est également cité et identifié par les caractères « RR » par dom Thomas Le Roy# et dom Jean Huynes#, et décrit comme un « Tractatus de angelis » avec le numéro d’inventaire « Théologie 1025 » dans Pinot-Cocherie32#. Ce manuscrit, qui a quitté la bibliothèque d’Avranches# entre 1795 et 1821, est entré dès cette époque en possession de l’abbé Constant Demons# (1766-1837), curé de Cherbourg# (1815-1817), peut-être lors d’un voyage effectué par celui-ci à Avranches en 1814. Il passa ensuite à Charles de Gerville# (1769-1853), qui en fit don à Léopold Delisle# (1826-1910). Ce dernier le restitua à la bibliothèque municipale d’Avranches entre 1854 et 187233. Il s’agit de l’actuel manuscrit Avranches, Bibl. patr., 21334#.

Parmi ces mêmes sources secondaires, nous mentionnons également une prose* à saint Aubert#, copiée dans un recueil provenant du Mont Saint-Michel35. Ce manuscrit est cité par dom Le Michel# (sous la cote « K8 ») et dom Montfaucon# (sous la cote « n. 219 ») dans leurs inventaires. En décembre 1791, ce manuscrit entre dans le dépôt littéraire d’Avranches#, puisqu’il est décrit sous le numéro « Sciences et arts 315 » dans l’inventaire révolutionnaire de Pinot-Cocherie36#. Soustrait de la bibliothèque d’Avranches entre 1795 et 1821, vraisemblablement entre 1810 et 1815, ce manuscrit a disparu pendant environ deux siècles. Il est réapparu le 22 décembre 2017 lors de l’annonce de sa mise en vente aux enchères sur le site InterEnchères par la maison Orne enchères à l’Hôtel des ventes d’Alençon37. L’État ayant estimé qu’il s’agissait de la mise en vente illégale d’un bien national inaliénable ayant été volé, ce manuscrit a été retiré de cette vente38. À ce jour, il appartient toujours à une collection privée.

L’inventaire de Pinot-Cocherie# décrit trente-trois manuscrits liturgiques provenant de la bibliothèque du Mont Saint-Michel# présents dans le dépôt littéraire d’Avranches# en 1795 (cf. Avranches, Bibl. patr., ms 246#, ff. 105-140v). Nous donnons ci-dessous une répartition de ces livres, par types. Douze de ces manuscrits liturgiques ont pu être identifiés avec des manuscrits décrits dans le présent catalogue (cf. tableau 1) : leur numéro est cité en gras dans la liste qui suit. L’identification de trois bréviaires*, plus incertaine, est présentée en italique :

  • Bréviaires# romains : 3 (Théologie 172, 1419 et 142039)
  • Bréviaires# du Mont Saint-Michel : 4 (Théologie 58240, 1417, 1422 et 1429)
  • Cérémonial#* et ordinaire# du Mont Saint-Michel : 1 (Théologie 175)
  • Cérémoniaux# : 2 (Théologie 184, 185)
  • Collectaires#* pourvus de psautiers# : 2 (Théologie 926 et 1616)
  • Évangéliaires#* : 5 (Théologie 714, 809, 908, 913, 1446)
  • Homiliaires#* : 6 (Théologie 57441, 614, 681, 91642, 1432, 182343)
  • Lectionnaire#* : 1 (Théologie 2000)
  • Martyrologe#* romain : 1 (Théologie 72444)
  • Missels# : 4 (Théologie 50545, 72846, 730 et 1902)
  • Recueil de bénédictions* et de rites : 1 (Théologie 952)
  • Rituel#* romain : 1 (Théologie 1099)

Par ailleurs, nous relevons que le manuscrit Théologie 711 était destiné à « l’office du Mont Saint-Michel » et que le manuscrit Théologie 903 contenait les Évangiles*, ou des péricopes, et des oraisons, mais aussi des préfaces* et des épîtres* ce qui nous empêche de le considérer comme un évangéliaire : Pinot-Cocherie# ne le décrit cependant pas comme un missel.

Quinze à dix-huit manuscrits liturgiques décrits dans le catalogue de Pinot-Cocherie doivent être considérés comme perdus ou dispersés dans d’autres fonds que celui d’Avranches depuis 1795 (ce sont ceux qui n’apparaissent pas en gras dans la liste ci-dessus). À l’exception du manuscrit Avranches, Bibl. patr., 40#, un bréviaire# du XIVe-XVe siècle volé le 19 octobre 1882, tous ont quitté la bibliothèque d’Avranches# entre 1795 et 1821, date à laquelle Louis Eugène de Castillon de Saint-Victor#, assisté de François Bazire#, a dressé le catalogue des manuscrits de la Bibliothèque municipale d’Avranches. Parmi ces manuscrits perdus figurent de trois à six bréviaires (trois bréviaires romains et entre un et trois bréviaires à l’usage du Mont47), deux missels#48 et un cérémonial#.

La liturgie monastique au Moyen Âge

La journée liturgique

La liturgie est le culte public et collectif, ordonné par une autorité ecclésiastique, rendu à Dieu par une communauté. Elle est formée de gestes (cérémonial, procession…) et de paroles – chants, oraisons, lectures bibliques, patristiques ou hagiographiques. La liturgie possède dans les sociétés chrétiennes deux formes principales : la messe (cf. tableau 2), dont le centre est le sacrifice eucharistique, et l’office des heures, composé dans le monachisme bénédictin de huit offices célébrés à différentes heures de la journée et décrits dans la règle# de saint Benoît (chap. VIII-XVIII) – matines*49, laudes*, prime*, tierce*, sexte*, none*, vêpres* et complies* (cf. tableau 3). Les laudes et les vêpres possèdent une structure identique, de même que les petites heures (prime, tierce, sexte et none). Les fêtes importantes, dites fêtes à douze leçons dans la liturgie monastique, sont construites sur le modèle du dimanche : elles commencent par des premières vêpres, et leur office de matines comprend douze lectures réparties entre trois nocturnes. Les matines des féries* et des fêtes mineures ne possèdent que trois leçons.

PartiesPièces
PréparationIntroït
Kyrie eleison
Gloria in excelsis
Collecte*
LecturesÉpître
Répons graduel*
Alleluia* et verset alléluiatique* ; et (ou) trait*
Évangile
Credo
OffertoireAntienne d’offertoire
Secrète
Canon#*Préface
Sanctus
Canon
CommunionPater noster
Agnus Dei
ConclusionAntienne de communion
Oraison de post-communion
OfficesPièces
Premières vêpresVersicule* : « Deus, in adjutorium meum intende. Domine, ad adjuvandum me festina »
Quatre psaumes* avec antiennes*
Capitule* et répons bref
Hymne et versicule
Cantique* : « Magnificat »# avec antienne
Preces : litanie (Kyrie eleison, versicules) et Pater noster
Oraison
Formule : « Benedicamus Domino » – Réponse : « Deo gratias »
MatinesVersicules : « Domine, labia mea aperies. Et os meum annuntiabit laudem tuam. » / « Deus, in adjutorium meum intende… »
Psaume 3
Invitatoire* : antienne invitatoire et psaume 94
Hymne
Dimanches et fêtes à douze leçons
Premier nocturne : six psaumes avec antiennes
Versicule ; Pater noster
Absolution
Quatre leçons chacune précédée d’une bénédiction# et suivie d’un répons prolixe
Gloria Patri

Deuxième nocturne : six psaumes avec une antienne
Versicule
Absolution
Quatre leçons chacune précédée d’une bénédiction et suivie d’un répons prolixe
Gloria Patri

Troisième nocturne (« Ad cantica ») : trois cantiques avec une antienne
Versicule
Absolution
Quatre leçons chacune précédée d’une bénédiction et suivie d’un répons prolixe (la première des quatre leçons étant une leçon évangélique)
Gloria Patri
Cantique : « Te Deum laudamus… »#
Évangile
Hymne : « Te decet laus »
Collecte
Féries et fêtes à trois leçons
Nocturne : six psaumes avec antiennes
Versicule ; Pater noster
Absolution
Bénédiction
Trois leçons chacune suivie d’un répons prolixe (une seule leçon suivie d’un répons bref en été – de Pâques jusqu’au 1er novembre)
Gloria Patri

(Certains bréviaires médiévaux nomment cette partie : deuxième nocturne) Six psaumes avec antiennes
Leçon apostolique
Versicule
Kyrie eleison ; Pater noster
Collecte
LaudesVersicule : « Deus, in adjutorium meum intende… »
Quatre psaumes, un cantique et les psaumes 148-150, avec antiennes
Capitule et répons bref
Hymne et versicule
Cantique : « Benedictus »# avec antienne
Preces : litanie (Kyrie eleison, versicules) et Pater noster
Oraison
Formule : « Benedicamus Domino » – Réponse : « Deo gratias »
Petites heures
(prime, tierce, sexte, none)
Versicule : « Deus, in adjutorium meum intende… »
Hymne
Trois psaumes avec antienne
Capitule et répons bref
Preces : Kyrie eleison
Oraison
Formule : « Benedicamus Domino » – Réponse : « Deo gratias »
Secondes vêpresVersicule : « Deus, in adjutorium meum intende… »
Quatre psaumes avec antiennes
Capitule et répons bref
Hymne et versicule
Cantique : « Magnificat »# avec antienne
Preces : litanie (Kyrie eleison, versicules) et Pater noster
Oraison
Formule : « Benedicamus Domino » – Réponse : « Deo gratias »
CompliesVersicules : « Converte nos, Deus salutaris noster. Et averte iram tuam a nobis » / « Deus in adjutorium meum intende… »
Trois psaumes
Hymne
Capitule et répons bref
Cantique : « Nunc dimittis »# avec antienne
Preces : Kyrie eleison
Oraison

La journée liturgique des moines du Mont, que décrivent leurs livres manuscrits, était composée de ces huit offices, ainsi que de deux messes : la messe matutinale, souvent dédiée à la Trinité, à la Vierge Marie, à l’archange* saint Michel ou à une fête mineure, et la grand-messe, conventuelle et solennelle, consacrée à une fête majeure, ou au dimanche, ou à la férie et ainsi aux anges le lundi ou à la Vierge le samedi. Un office votif* dédié aux anges# était généralement ajouté le lundi à l’office quotidien, de même qu’un office votif dédié à la Vierge Marie le samedi. L’office des morts#*, seulement composé des offices des vêpres, des matines et des laudes, était récité chaque jour de l’année, sauf lors des solennités, de l’octave* de la Nativité, de l’octave de la Fête-Dieu#* et du temps pascal#*. Des suffrages#*, dédiés à la Trinité, à la Croix, et à plusieurs saints et en premier lieu à la Vierge Marie, étaient récités, durant une grande partie de l’année, après l’oraison des laudes et des vêpres ; un suffrage (forme de mémoire*) est composé d’une antienne, d’un versicule et d’une oraison. Le cérémonial et certaines pièces de la liturgie de l’office et de la messe variaient selon les périodes de l’année et les fêtes.

Notons la présence, exceptionnelle, d’un drame liturgique faisant mémoire du martyre de saint Étienne# dans l’ordinaire# Avranches, Bibl. patr., ms 216# (ff. 34v-35r) : ce drame était joué au cours de la grand-messe du 26 décembre#. Un autre drame liturgique était représenté à la fin des matines de Pâques##*. Il figure, copié avec des variantes, dans les deux ordinaires ainsi que dans le cérémonial# du Mont Saint-Michel50. Par des jeux de scène et des dialogues chantés, ces deux drames évoquaient des passages de la Bible, lus dans la liturgie : les rôles étaient joués par des moines, vêtus de costumes et munis d’accessoires.

L’année liturgique

L’année liturgique est composée de deux cycles : le temporal*, dont les fêtes commémorent les événements de la vie terrestre du Christ (cf. tableau 4), et le sanctoral, qui regroupe les fêtes de saints. Le temporal est lui-même constitué de deux cycles principaux : le cycle de Noël (dont les fêtes possèdent une date fixe) et le cycle de Pâques – dont les fêtes sont dites mobiles : leur date dépend de la date de Pâques#, qui change chaque année. Le temporal comprend encore deux périodes de temps ordinaire, commençant après l’Épiphanie#* et après la Pentecôte#*. Aux fêtes du temporal et du sanctoral s’ajoute la célébration des anniversaires de défunts.

Les cycles du temporal et du sanctoral se superposent : dans le cas où des fêtes du temporal et du sanctoral, ou bien deux fêtes du sanctoral devaient être célébrées le même jour, les moines se reportaient à leur ordinaire#. Dans ces cas, l’une des fêtes pouvait être déplacée à un autre jour, ou bien une plus grande place était donnée dans la liturgie à la fête majeure, à laquelle était consacré le propre* de l’office et de la grand-messe : la fête mineure se voyait alors dédier quatre leçons à matines (huit leçons étant consacrées à la fête majeure) et le propre de la messe matutinale, ou bien elle était célébrée comme une mémoire. La mémoire (de même structure qu’un suffrage) prenait place après l’oraison finale des laudes et des vêpres ; certaines oraisons de la messe pouvaient également être dédiées à la fête mineure célébrée comme une mémoire.

Les fêtes du temporal et du sanctoral n’étaient pas toutes célébrées avec la même solennité (cf. tableaux 5 et 6)51. Les fêtes les plus importantes possédaient, comme nous l’avons vu, des premières vêpres dites la veille au soir et se terminaient au soir de la fête par les secondes vêpres et les complies ; leur office de matines comportait douze leçons. En outre, les plus grandes solennités commençaient dès la veille de la fête par la vigile*, et se prolongeaient par des leçons et des mémoires jusqu’au jour octave. Les fêtes de moindre importance embrassaient l’organisation des féries, ne possédant alors qu’un seul office de vêpres et des matines à trois leçons, ou prenaient la forme d’une mémoire. Notons que certaines fêtes avaient toujours le statut de mémoire, et que d’autres fêtes n’étaient célébrées comme des mémoires qu’en cas d’occurrence* de fêtes. D’autres marqueurs de solennité que le nombre de leçons de matines donnaient aux moines des indications sur l’importance de la fête et son cérémonial : mentions du nombre de cierges* à allumer au-dessus du chœur, et des vêtements portés par le chœur ou le célébrant au cours des vêpres et de la messe (in capis : en chapes* ; in albis : en aubes*).

On trouvera plus bas une présentation du sanctoral du Mont Saint-Michel et de ses origines (cf. Partie IV : « Histoire de la liturgie du Mont Saint-Michel », troisième sous-partie).

Cycles liturgiquesPériodes liturgiquesJournées liturgiques
Cycle de NoëlTemps de l’Avent#*Premier dimanche de l’Avent#
Deuxième dimanche de l’Avent
Troisième dimanche de l’Avent
Mercredi des Quatre-Temps#*
Vendredi des Quatre-Temps
Samedi des Quatre-Temps
Quatrième dimanche de l’Avent
Temps de Noël* et de l’Épiphanie#Vigile de la Nativité du Seigneur (24 déc.) #
Nativité du Seigneur (25 déc.) #
Circoncision du Seigneur# (1 janv.)
Vigile de l’Épiphanie# (5 janv.)
Épiphanie# (6 janv.)
Octave de l’Épiphanie# (13 janv.)
Temps ordinaireTemps après l’ÉpiphanieDeuxième dimanche après l’Épiphanie
Troisième dimanche après l’Épiphanie
Quatrième dimanche après l’Épiphanie
Cinquième dimanche après l’Épiphanie
Cycle de PâquesTemps de la Septuagésime#*Dimanche de la Septuagésime#
Dimanche de la Sexagésime
Dimanche de la Quinquagésime
Temps du Carême#*









(temps de la Passion#*, commençant le dimanche de la Passion)
Mercredi des Cendres#*
Premier dimanche de Carême#
Mercredi des Quatre-Temps#
Vendredi des Quatre-Temps
Samedi des Quatre-Temps
Deuxième dimanche de Carême
Troisième dimanche de Carême
Quatrième dimanche de Carême
Dimanche de la Passion#
Dimanche des Rameaux#*
Jeudi saint# (Triduum pascal)
Vendredi saint (Triduum pascal)
Samedi saint (Triduum pascal)
Temps pascal#Dimanche de Pâques#
Lundi de Pâques
Mardi de Pâques
Mercredi de Pâques
Jeudi de Pâques
Vendredi de Pâques
Samedi in albis
Dimanche in albis
Fête des reliques
Deuxième dimanche après l’octave de Pâques
Troisième dimanche
Quatrième dimanche
Lundi des Rogations#*
Mardi des Rogations
Mercredi des Rogations (vigile de l’Ascension#*)
Ascension# (jeudi)
Premier dimanche après l’Ascension
Octave de l’Ascension
Vigile de Pentecôte (samedi) #
Dimanche de Pentecôte#
Mercredi des Quatre-Temps#
Vendredi des Quatre-Temps
Samedi des Quatre-Temps
Temps ordinaireTemps après la PentecôtePremier dimanche après la Pentecôte
Fête-Dieu#
Deuxième dimanche après la Pentecôte
Octave de la Fête-Dieu#
Premier dimanche après l’octave de la Pentecôte
Deuxième dimanche après l’octave
Troisième dimanche après l’octave
Mercredi des Quatre-Temps52#
Vendredi des Quatre-Temps
Samedi des Quatre-Temps
Vingt-cinquième dimanche après l’octave
ÉchelonsDegrés de solennité
1 - aFêtes in capis à douze leçons et trente cierges
1 - bFêtes in capis à douze leçons et neuf cierges
1 - cFêtes in capis à douze leçons et sept cierges
2Fêtes in albis à douze leçons et cinq cierges
3Fêtes à douze leçons et trois cierges
4Fêtes à trois leçons
5Mémoires

Dans le tableau 6, les fêtes sont citées dans l’ordre de l’année liturgique, en commençant par la fête de saint André# (30 nov.). Lorsqu’un saint est célébré par plusieurs fêtes, ou que deux saints portent le même nom, nous précisons la date de leurs fêtes entre parenthèses. La date de l’ensemble des fêtes est indiquée dans le tableau 11 : « Calendrier du Mont Saint-Michel (sanctoral) ».

Degrés de solennité53Fêtes du sanctoral
Fêtes in capis à douze leçons et trente ciergesConception de la Vierge# ; Jean l’évangéliste#* (27 déc.) ; Purification# de la Vierge ; Annonciation#* ; Apparition de Michel sur le Mont Gargan# (8 mai) ; Aubert# ; Jean-Baptiste# (24 juin) ; Assomption# ; Nativité de la Vierge# ; Michel# (29 sept.) ; dédicace* de l’église du Mont Saint-Michel# (16 oct.) ; Toussaint#*
Fête in capis à douze leçons et neuf ciergesLaurent#.
Fêtes in capis à douze leçons et sept ciergesAndré# ; Nicolas# (6 déc.) ; Étienne protomartyr# (26 déc.) ; Saints-Innocents# ; Benoît# (21 mars. In capis cum septem cereis add. A46) ; Pierre et Paul## ; Translation* de Benoît# (11 juill.) ; Marie-Madeleine# (in albis del. A46 ; cum septem cereis… in capis add. A46) ; Martin# (11 nov.) ; Catherine#
Fêtes in albis à douze leçons et cinq ciergesAmbroise# (7 déc., VIII lc - octave d’André# : IV lc. A46 : fête à douze leçons. In albis add. A216-calendarium) ; Lucie# ; Thomas apôtre#* ; Thomas Becket# ; Sébastien# ; Agnès# (21 janv.) ; Vincent# ; Conversion de Paul# ; Agathe# ; Chaire de Pierre# (A46 et A216 : fête in albis, sauf en Carême) ; Matthias# (A4654 : fête in albis, sauf en Carême) ; Grégoire# (12 mars) ; Ambroise# (4 avr.) ; Marc# ; Philippe et Jacques# apôtres ; Invention de la sainte Croix# ; Jean devant la Porte Latine# ; Translation de Nicolas# (9 mai) ; Barnabé# ; Commémoraison de Paul# (30 juin) ; Translation de Martin# (4 juill.) ; Wandrille# (VIII lc - Apollinaire de Ravenne# (23 juill.) : IV lc) ; Jacques le Majeur# ; Saint Pierre aux Liens# ; Invention d’Étienne# (3 août) ; Agapit# (18 août, VIII lc - octave de l’Assomption (infra) : IV lc) ; octave de l’Assomption# ; Barthélemy# ; Ouen# ; Louis# ; Augustin# ; Décollation de Jean-Baptiste# (29 août) ; Ordination de Grégoire# (3 sept.) ; octave de la Nativité de Marie# ; Matthieu# ; Maurice# ; Exaltation de la sainte Croix# (IV lc - Corneille et Cyprien# : VIII lc) ; Côme et Damien# ; Jérôme# (VIII lc - octave de Michel (infra) : IV lc) ; octave de Michel# (6 oct.) ; Denis# ; Luc# (VIII lc - octave de Michel (infra) : IV lc) ; octave de la dédicace du Mont Saint-Michel# (23 oct.) ; Simon et Jude# ; Bénigne# ; Cécile# ; Clément# (VIII lc - Félicité# (23 nov.) : IV lc)
Fêtes à douze leçons et trois ciergesSylvestre# (VIII lc - Nativité du Seigneur : IV lc) ; octave de Jean l’évangéliste# ; Hilaire# (VIII lc - Félix in Pincis# : IV lc) ; Maur# ; Antoine# (VIII lc - Sulpice# : IV lc) ; Julien du Mans# (27 janv.) ; Blaise# ; Scholastique# ; Georges# ; Marcellin# (26 avr.) ; Gervais et Protais# ; octave d’Aubert# ; octave de Jean-Baptiste# (1er juill.) ; octave de Pierre et Paul## ; octave de Benoît# (18 juill. VIII lc - Arnoul des Yvelines# (18 juill.) : IV lc) ; Samson# (VIII lc - Pantaléon# : IV lc) ; Germain d’Auxerre# ; Taurin# (VIII lc - Tiburce# (11 août) : IV lc) ; octave de Laurent# (VIII lc - octave de l’Assomption (infra) : IV lc) ; Philibert (VIII lc - octave de l’Assomption (infra) : IV lc) ; Victeur# (VIII lc - Prisque# (1er sept.) : IV lc) ; Maurille# (VIII lc - octave de la Nativité de la Vierge (infra) : IV lc) ; Paterne# ; Remi# (VIII lc - octave de Michel (infra) : IV lc) ; Foy# (VIII lc - Marc pape# (7 oct.) : IV lc) ; Nicaise# ; Melaine# ; Brice# ; Malo# ; octave de Martin# (18 nov.) ; Colomban#
Fêtes à trois leçonsChrysanthe et Daria# ; octave d’Étienne# ; octave des Saints-Innocents# ; Marcel I# ; Prisque# (18 janv.) ; Laumer# ; Émérentienne# ; Polycarpe# ; Agnès Secundo# ; Brigitte# ; Dorothée# ; Valentin# ; Aubin# (A46 et A216 : fête à trois leçons, sauf en Carême) ; Tiburce, Valérien et Maxime# ; Vital# (28 avr.) ; Athanase# ; Gordien et Épimaque# ; Nérée, Achillée# et Pancrace# ; Basile# (20 mai) ; Urbain# ; Chéron# ; Nicomède# (1er juin) ; Marcellin et Pierre# ; Médard# ; Prime et Félicien# ; Basilide, Cyrin, Nabor et Nazaire# ; Guy#, Modeste et Crescence# ; Cyr et Julitte# ; Leufroy# ; vigile de Jean-Baptiste# (23 juin) ; Jean et Paul# ; Léon# ; Procès et Martinien# ; les Sept frères# ; Marguerite# ; Praxède# ; Anne# ; Sept dormants# ; Félix, Simplice, Faustin et Béatrice# ; Abdon et Sennen# ; Étienne pape# ; Sixte II#, Felicissime et Agapit# ; Donat# ; Cyriaque#, Large et Smaragde# ; Romain de Rome# (9 août) ; Hippolyte# ; Eusèbe (14 août) ; Timothée et Apollinaire# (23 août) ; Rufus# ; Félix et Audacte# ; Lucie et Géminien# ; Lambert# ; Géraud# ; Calixte# ; Basle# ; Crépin et Crépinien# ; Quentin# ; Quatre Couronnés# ; Théodore# ; Chrysogone# ; Saturnin#
MémoiresDamase# ; Fabien# ; Priest# ; Alexandre, Évence et Théodule# ; Marc et Marcellien# ; Translation d’Éloi# (25 juin) ; Martial# ; Berthevin# ; Christophe# et Cucufa# ; Eusèbe de Verceil# (1er août) ; Maccabées# ; Suzanne# ; Arnoul de Metz# (16 août) ; Timothée# et Symphorien# ; Genès# ; Hermès# ; Julien de Brioude# ; Sabine# ; Gilles# ; Adrien# ; Gorgon# ; Euphémie# ; Prote et Hyacinthe# ; Nicomède# (15 sept.) ; Piat# ; Léger# ; Caprais# ; Romain de Rouen# (23 oct.) ; Léonard# ; Ménas# ; Éloi# (1er déc.) ; Anastasie#

D’après des inscriptions tardives relevées dans les calendriers#* d’autres manuscrits que les ordinaires, la fête de sainte Honorine# (27 févr.) était à trois leçons (P424#). La fête de saint Joseph# (19 mars) était à douze leçons (A39#, A214#, M16 / 1#). La fête la Visitation de la Vierge# (1er avr.) était in capis à douze leçons (A215#, M16 / 1#). La fête de sainte Colombe# (31 déc.) était célébrée comme une mémoire (M16 / 1#).

Les sources liturgiques du Mont Saint-Michel

Les manuscrits

Le corpus des manuscrits liturgiques à l’usage du Mont Saint-Michel55 est constitué de livres de la messe (sacramentaire, missel, évangéliaire-nocturnal*), de livres de l’office (bréviaires, collectaire, lectionnaires de l’office, homiliaires, martyrologe, évangéliaire-nocturnal) et de livres des rites (ordinaires, cérémonial) (cf. tableau 7)56. Certains de ces manuscrits rassemblent plusieurs livres liturgiques : ainsi, le manuscrit Avranches, Bibl. patr., 214# contient un martyrologe, un homiliaire et un cérémonial# ainsi que d’autres textes non liturgiques.

Parmi les livres de la messe, le sacramentaire# donne uniquement les oraisons des féries et des fêtes ainsi que des bénédictions#. Le missel#, qui dérive du sacramentaire, présente à la fois les oraisons, les chants et les lectures. Parmi les livres de l’office, les homiliaires# (utilisés pour le troisième nocturne) et les lectionnaires# de l’office, livres communautaires, donnent les lectures de matines, parfois suivies de leur répons. Le collectaire# Avranches, Bibl. patr., ms 215# livre les oraisons et les capitules des heures du jour (à partir des laudes). Le martyrologe#, utilisé durant l’office du chapitre, après l’office de prime, fait mémoire des saints dans l’ordre de l’année, qu’ils soient ou non fêtés dans la liturgie : le manuscrit Avranches, Bibl. patr., 214# contient également un homiliaire utilisé au cours de l’office du chapitre. Enfin, les bréviaires#, livres personnels, présentent toutes les pièces de l’office. Le bréviaire Avranches, Bibl. patr., ms 39# est un « bréviaire d’hiver », commençant par l’Avent et se terminant, dans son temporal, par le Samedi saint. Le bréviaire BnF, ms NAL 424# est soit un « bréviaire d’été », introduit par le Jeudi saint# mais souffrant de lacunes, soit un bréviaire complet mutilé dont seule la partie d’été subsisterait. Le manuscrit Avranches, Bibl. patr., ms 44# est un évangéliaire-nocturnal##dans lequel sont copiés l’évangile et la collecte de l’office des matines ainsi que, pour certaines fêtes, l’évangile de la messe lorsque celui-ci est différent de l’évangile lu pendant les matines.

Le groupe des livres des rites du Mont Saint-Michel est composé d’un cérémonial# et de deux ordinaires#. Le cérémonial décrit par des règles générales diverses cérémonies : la liturgie des fêtes à trois leçons et des fêtes à douze leçons, les circonstances de la célébration des offices votifs, les actions de l’abbé et du chantre* ou encore le déroulement de l’office des morts#. Les ordinaires présentent de manière détaillée l’ordo de chaque férie et de chaque fête du temporal et du sanctoral, en suivant l’ordre de l’année – indiquant l’incipit des chants, des oraisons et des lectures, ou l’itinéraire des processions… Le cérémonial et les ordinaires présentent également des pratiques non cultuelles, donnant ainsi la composition des repas des fêtes à douze leçons.

Certains manuscrits mêlent temporal et sanctoral, quand d’autres les séparent nettement. Il est cependant habituel, même dans ce dernier cas, de retrouver dans le temporal les fêtes d’Étienne# (26 déc.), de Jean# (27 déc.), des Saints-Innocents# (28 déc.), de Thomas Becket# (29 déc.) et de Sylvestre# (31 déc.). Plusieurs manuscrits comprennent également une partie consacrée au commun des saints#*, dans lequel on relevait les pièces des fêtes ne possédant pas d’office ou de messe complets. Le commun est organisé en catégories de saints : apôtres, confesseurs*…

Les livres liturgiques de notre corpus contiennent des documents et des textes d’une grande valeur historique, mentionnés dans l’index des noms et matières : office des morts, petit office de la Vierge*… Huit manuscrits sont précédés d’un calendrier#, présentant les fêtes du temporal et du sanctoral de chaque mois avec leur degré de solennité ainsi que des indications ayant trait à l’astrologie ou aux saisons (cf. pl. I : mois de juin). Dans certains cas, la couleur des encres (bleues, rouges et noires, ou uniquement rouges et noires) est utilisée pour distinguer les fêtes selon leur importance. On comparera avec profit les calendriers du Mont avec le calendrier d’un missel# à l’usage de Saint-Michel en Tarentaise, prieuré du Mont Saint-Michel avant 1140 (Genève, Bibliothèque de Genève, ms lat. 28, ff. 1r-8r#)57. Ce manuscrit a été copié à la fin du XIe siècle ou au début du XIIe siècle. Comme l’a observé François Huot, le calendrier de ce missel « est celui du Mont Saint-Michel »58. Signalons également la présence dans les bréviaires# et le collectaire# montois de cinq rédactions successives des litanies#* du Mont Saint-Michel, datées des XIIIe (cf. pl. II), XIVe et XVe siècles59. Une étude approfondie des litanies et des calendriers du Mont Saint-Michel est actuellement menée par les auteurs60.

Certains manuscrits et fragments liturgiques décrits dans ce catalogue sont pourvus d’une notation musicale, neumatique61 ou carrée sur quatre lignes62 : nous faisons référence au sein du catalogue aux notices du Catalogue des manuscrits notés du Moyen-Âge63.

ManuscritsTypologieCirconstances d’usage
Avranches, Bibl. patr., ms 39#Bréviaire#Office
Avranches, Bibl. patr., ms 42#Missel#Messe
Avranches, Bibl. patr., ms 44#Évangéliaire-nocturnal##Messe et office (matines)
Avranches, Bibl. patr., ms 46#Ordinaire#Messe et office
Avranches, Bibl. patr., ms 68#Homiliaire#Office (matines)
Avranches, Bibl. patr., ms 128#Homiliaire#Office (matines)
Avranches, Bibl. patr., ms 129#Homiliaire#Office (matines)
Avranches, Bibl. patr., ms 130#Homiliaire#Office (matines)
Avranches, Bibl. patr., ms 131#Homiliaire#Office (matines)
Avranches, Bibl. patr., ms 168#Lectionnaire# de l’officeOffice (matines)
Avranches, Bibl. patr., ms 211#Lectionnaire# de l’officeOffice (matines)
Avranches, Bibl. patr., ms 214#Martyrologe#Office du chapitre (après prime)
Avranches, Bibl. patr., ms 214#Homiliaire#Office du chapitre (après prime)
Avranches, Bibl. patr., ms 214#Cérémonial#Messe et office
Avranches, Bibl. patr., ms 215#Collectaire#Office (heures diurnes)
Avranches, Bibl. patr., ms 216#Ordinaire#Messe et office
Maredsous, bibliothèque de l’abbaye, ms 16° / 1#Bréviaire#Office
New York, Morgan Library and Museum, ms M.641#Sacramentaire#Messe
Paris, Bibliothèque nationale de France, ms NAL 424#Bréviaire#Office
Rouen, Bibl. patr. Villon, ms mm 15 (suppl. CGM 116) #Sacramentaire#Messe

La transmission uniquement orale de certains usages et la disparition au cours des siècles de plusieurs témoins manuscrits de la liturgie médiévale du Mont Saint-Michel ne nous permettent de reconstituer que d’une manière partielle l’histoire de cette liturgie. Mais les manuscrits conservés nous offrent une image très nette de l’usage de l’abbaye, constitué de son cérémonial, de fêtes rares du sanctoral, ou encore des règles de hiérarchisation des fêtes.

Les sources secondaires

Nous ajoutons à la liste des manuscrits liturgiques la mention de sources secondaires :

  1. Le coutumier#* montois, daté de 1258, qui évoque en particulier le rôle du chantre dans la liturgie et dans la vie conventuelle (Avranches, Bibl. patr., ms 214#, p. 1-16)64.
  2. Douze fragments de six manuscrits liturgiques, provenant : (1) d’un missel# daté du XIe siècle (Avranches, Bibl. patr., ms 73#, ff. 1r-2v ; ms 86#, ff. 1r-2v : cf. pl. III)65, (2) d’un bréviaire-missel#* copié au même siècle (Avranches, Bibl. patr., ms 163#, ff. 100r-101v), (3) d’un calendrier# du XVe siècle comportant plusieurs fêtes du sanctoral montois (Avranches, Bibl. patr., ms 162#, ff. 80r-81v), (4) d’un premier bréviaire# noté* du XVe siècle sous la forme de deux minces bandes de parchemin (Avranches, Bibl. patr., ms 213#, np 7-10)66, et (5) d’un second bréviaire noté de même époque (Avranches, Bibl. patr., ms 215#, ff. 176r-177v : cf. pl. IV). Si la brièveté de leur texte ne permet pas d’en déterminer l’origine avec certitude, nous savons que ces fragments furent conservés dans l’ancienne bibliothèque du Mont Saint-Michel#, nous laissant penser qu’ils furent peut-être connus ou utilisés par la communauté au Moyen Âge. Nous signalons également quatre feuillets entiers ainsi que deux bandes de parchemin issues d’un cinquième feuillet découpé, provenant (6) d’un même évangéliaire#, daté du VIIIe siècle et copié par un scribe anglo-saxon sans doute actif dans la région de Cantorbéry#. Ce livre liturgique fut transporté au Mont Saint-Michel# à l’époque médiévale, puis démembré lors d’une campagne de reliure entreprise sous l’abbé Robert de Torigni# (1154-1186), afin de servir de pages de garde et pour renforcer des entre-nerfs (Avranches, Bibl. patr., ms 48#, ff. I-VI ; Avranches, Bibl. patr., ms 66#, ff. I-II ; Avranches, Bibl. patr., ms 71#, ff. I-II. Saint-Pétersbourg, Bibliothèque nationale de Russie, ms lat. O.v.I.1, ff. I-II#)67.
  3. Un grand nombre d’oraisons68 et de prières69, ainsi que des offices votifs dédiés à la Trinité#, à la Vierge Marie# et aux anges#70, des leçons pour l’office des matines71, une mémoire de saint Michel (f. 243v) et un chant de typologie inconnue (f. 257r : « Domine Dominus noster quam admirabile est nomen tuum in uniuersa… » #), copiés dans le manuscrit Avranches, Bibl. patr., 213#. Ce recueil de textes consacrés aux anges et en particulier à saint Michel a pour titre : « Libellus de angelis et hominibus quantum ad eorum gaudia vel supplicia aliqua de beato Michaele archangelo interserendo » (f. 1r). Philippe Faure le décrit comme un « ensemble d’oraisons, d’exposés théologiques et de récits de miracle qui furent regroupés à partir du début du XVe siècle, sous l’impulsion de l’abbé Pierre Le Roy# († 1410) »72.
  4. Un office de saint Berthevin# ajouté au XIVe ou au XVe siècle au légendier# Avranches, Bibl. patr., ms 167#. Les ff. 200r-202r comportent des lectures de matines, une hymne et une prose73. Au f. 202r, une rubrique* « Ad vesperas » précède l’antienne du Magnificat#, un versicule et une oraison ; et une rubrique « Ad matutinas » introduit une antienne invitatoire. Il semble peu probable que cet office ait été prié au Mont# car l’ordinaire# Avranches, Bibl. patr., ms 216# prescrit, le 11 juillet (f. 138r), uniquement la récitation d’une mémoire de saint Berthevin, après les laudes et après les vêpres de la fête de la Translation de saint Benoît#. Cependant, l’oraison de la mémoire mentionnée par un incipit dans l’ordinaire (« Deus pro cuius amore… » #), ainsi que dans le collectaire# Avranches, Bibl. patr., ms 215# (f. 109r) et dans le bréviaire# BnF, ms NAL 424# (f. 332r, « Memoria de sancto Bertiuino » – ajout de seconde main), est identique à l’oraison transcrite dans le légendier : s’ils n’utilisèrent pas ce document pour leur pratique liturgique, les moines du Mont y relevèrent peut-être ainsi l’oraison.
  5. Un office de saint Marcellin# (ff. 6v-9v)74, pape et martyr (26 avr.), et la messe de la Conception de la Vierge# (ff. 26r-26v)75 copiés dans un recueil de vies de saints et de miracles de la Vierge (Vatican, Bibliothèque apostolique, ms lat. 9668#). Le manuscrit a été entièrement copié au Mont Saint-Michel# selon l’analyse de François Avril76, ou seulement en partie selon J.J.G. Alexander77, mais il se trouvait dans l’abbaye à la fin du XIVe siècle selon les deux auteurs : il est ainsi très probable que les moines du Mont eurent connaissance de cet office et de cette messe, qu’ils en furent ou non les auteurs78. Les oraisons de la messe de la Conception relevées dans le manuscrit du Vatican sont identiques à celles copiées de seconde main, au XIIe siècle, dans la partie du sacramentaire# montois conservée à Rouen# (Rouen, Bibliothèque patrimoniale Villon, ms mm 15 (suppl. CGM 116) #, f. 44r). Les chants de l’office de saint Marcellin sont accompagnés de neumes.
  6. Des lectures, des oraisons et des prières, principalement dédiées à la Vierge Marie, contenues dans des recueils montois de vies de saints : ainsi, deux prières à la Vierge (Avranches, Bibl. patr., ms 29#, f. 98v)79, la copie d’un lectionnaire# (Avranches, Bibl. patr., ms 29#, ff. 105v-106v), trois leçons et répons d’un office marial (Avranches, Bibl. patr., ms 101#, f. 112r), une oraison à la Trinité (Avranches, Bibl. patr., ms 211#, f. 66v)80.
  7. Une prose à saint Aubert#, conservée dans un recueil composite cité plus haut, mis aux enchères à Alençon en 2018 mais retiré de la vente à la demande de l’État, et propriété d’une collection privée.
  8. Des textes de dévotion reproduits dans le manuscrit Avranches, Bibl. patr., 212#. Il s’agit principalement de trois prières en ancien français81.
  9. Des pièces liturgiques notées, copiées de manière isolée dans les marges de manuscrits montois qui n’étaient pas destinés à la liturgie, ainsi : Avranches, Bibl. patr., ms 32# : f. 232v (antienne), f. 236r (verset alléluiatique), f. 260v (antienne), f. 262v (antienne), f. 266v (deux antiennes), f. 267v (typologie inconnue). Avranches, Bibl. patr., ms 3882#, f. 2r (répons). Avranches, Bibl. patr., ms 9883#, f. 228v (hymne à saint Michel – notation alphabétique a-p et notation neumatique). Avranches, Bibl. patr., ms 10984#, f. 76v (deux antiennes à saint Michel – notation neumatique et notation alphabétique a-p. Cf. pl. III), f. 99r (typologie inconnue), f. 211v (typologie inconnue). Signalons également une antienne notée isolée, dédiée à saint Nicolas, copiée dans l’homiliaire# Avranches, Bibl. patr., ms 12985# (f. 113r).
  10. Des récits de miracles composés vers 1070-1095 et copiés dans les manuscrits Avranches, Bibl. patr., ms 211# (ff. 20r-22v, ff. 31v-42v), ms 212# (ff. 10v-17v, ff. 18v-27r) et ms 213# (ff. 138r-143v, ff. 146r-148v)86. Ces textes hagiographiques livrent en particulier des informations sur le rôle des officiers et sur les reliques possédées par l’abbaye.
  11. Des œuvres historiques rédigées par des religieux de la congrégation de Saint-Maur au XVIIe et au XVIIIsiècle, qui utilisent des sources médiévales pour certaines perdues. Citons en particulier les écrits de dom Thomas Le Roy# sur l’histoire du Mont Saint-Michel, étudiés et édités par Marie Bisson, qui mentionnent par exemple à plusieurs reprises des reliques87.
  12. Une inscription évoquant un objet liturgique, relevée par Jules Corblet : un « chalumeau d’argent, propriété de l’abbé du Mont Saint-Michel, Suppon#, qui le légua en 1040 à son monastère »88.

Corpus et méthodologie du catalogue

Le catalogue présente les notices de trois bréviaires, d’un missel, d’un sacramentaire séparé en deux parties, de cinq homiliaires, de deux lectionnaires de l’office, d’un évangéliaire-nocturnal, d’un collectaire, de deux ordinaires et d’un cérémonial-martyrologe-homiliaire. Nous avons exclu de ce catalogue deux manuscrits de la Bibliothèque patrimoniale d’Avranches# : d’une part, le manuscrit 43#, missel dont la liste des versets alléluiatiques des dimanches suivant la Pentecôte dépend de l’usage de Rennes et non de celui du Mont Saint-Michel89. La provenance de ce manuscrit n’était d’ailleurs probablement pas montoise, puisque son train de reliure, datant de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, ne correspond pas à celui adopté par les moines mauristes du Mont Saint-Michel au milieu du XVIIe siècle90. D’autre part, le manuscrit 41#, sacramentaire# qui, malgré sa présence au Mont91, suit l’usage de l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire (Fleury)# et non celui des moines du Mont Saint-Michel92.

L’usage montois des manuscrits de ce corpus a généralement été identifié grâce à la présence, dans leur calendrier# et dans leur sanctoral, de la fête de saint Aubert# (18 juin), fondateur du sanctuaire, de la fête de la dédicace de l’église abbatiale# (16 oct.), de la mention répétée de suffrages# à saint Michel, de la présence dans les litanies# d’invocations* doublées à saint Aubert et à saint Michel, et grâce à la mention dans le texte du cérémonial# et des ordinaires# de reliques (de saint Aubert en particulier) et de lieux bien identifiés dans l’espace monastique. Le Mont Saint-Michel ne possède pas de listes de répons prolixes de l’office des morts#, de répons prolixes des dimanches de l’Avent et de versets alléluiatiques des dimanches suivant la Pentecôte qui lui soient propres, les séries relevées dans les manuscrits montois étant identiques aux listes d’un groupe d’abbayes anglo-normandes liées à l’abbaye Saint-Bénigne# de Dijon et aux réformes de Guillaume de Volpiano# et de ses disciples*, comme nous le verrons plus loin (cf. « Histoire de la liturgie du Mont Saint-Michel »). En revanche, le bréviaire# BnF, ms NAL 424# présente un petit office de la Vierge# (ff. 332r-334v) qui est, selon les comparaisons que nous pouvons réaliser à partir des relevés de Victor Leroquais, propre au Mont93 : l’examen de cet office votif peut être complété par l’étude d’un office de la Vierge composé pour le temps de l’Avent#, copié dans le bréviaire Avranches, Bibl. patr., ms 39# (ff. 21v-22r).

Nous présentons également dans ce catalogue des fragments de manuscrits liturgiques, cités plus haut parmi les sources secondaires – paragraphe (b) – et, pour des fragments longs de missel, de bréviaire-missel et de calendrier, dans la deuxième partie : « Notices des fragments ».

Histoire de la liturgie du Mont Saint-Michel

Historiographie de la liturgie du Mont Saint-Michel : un état de la recherche

En 1967, un an après la fin des célébrations commémorant les mille ans de l’installation d’une communauté de bénédictins au Mont Saint-Michel#, étaient publiées dans le premier volume du Millénaire monastique du Mont Saint-Michel (Histoire et vie monastique, dir. Jean Laporte) neuf études consacrées à l’usage liturgique du Mont Saint-Michel, à son développement et à ses origines94. Ce corpus historiographique forme, par son traitement détaillé de très nombreux aspects de la liturgie montoise (remaniements successifs du calendrier#, cadre et acteurs de la liturgie, filiation du chant de l’abbaye avec le chant d’autres établissements…), la première approche globale de cette liturgie locale. L’étude du culte liturgique de saint Michel avait été préparée par la publication de deux articles, en 1962 et 1963, de Joseph Lemarié, qui utilise comme sources montoises principales les bréviaires# Avranches, Bibl. patr., ms 39# et BnF, ms NAL 42495#. Auparavant, l’activité du chantre au Mont Saint-Michel avait été étudiée dès 1915-1916 par Léon Guilloreau dans un article consacré au coutumier# Avranches, Bibl. patr., ms 21496#. Les premiers fruits de la publication des actes du Millénaire monastique apparurent dès 1968, avec la présentation d’une étude des manuscrits hagiographiques conservés à Avranches# – parmi lesquels figurent les lectionnaires# Avranches, Bibl. patr., ms 168# et ms 211# – de Joseph Van der Straeten97 ; et la publication d’un article de Thomas Delforge qui faisait connaître à la communauté scientifique un bréviaire# manuscrit du Mont Saint-Michel jusqu’alors inconnu, conservé dans la bibliothèque de l’abbaye de Maredsous#98.

Au cours des décennies suivantes, plusieurs études complémentaires ont été consacrées à des manuscrits du Mont Saint-Michel (l’évangéliaire-nocturnal##Avranches, Bibl. patr., ms 4499#, le lectionnaire# de l’office Avranches, Bibl. patr., ms 211#100 et les ordinaires# Avranches, Bibl. patr., ms 46# et ms 216101#), à certaines pratiques liturgiques et musicales de l’abbaye (drame liturgique de Pâques102#, notation musicale des chants103, trésor des reliques104) ou à la dévotion des pèlerins marchant vers le sanctuaire105.

Plusieurs travaux plus généraux ont permis de replacer la liturgie montoise dans un réseau d’échanges liturgiques, par l’examen des chants de l’office106, des versets alléluiatiques de la messe107 ainsi que des ordinaires108#. Cette problématique avait déjà retenu l’attention de plusieurs auteurs du Millénaire monastique, en particulier Joseph Lemarié, Raymond Le Roux, Michel Robert et Henri Tardif.

Origines de l’ordo liturgique du Mont Saint-Michel

À partir de quels modèles les moines bénédictins du Mont Saint-Michel# ont-ils construit leur cursus liturgique* après leur installation dans le sanctuaire normand au Xe siècle ? Les premiers travaux consacrés à cette question, présentés en 1967 dans le premier volume du Millénaire monastique, mettent en évidence la proximité de l’ordo de l’abbaye, dans la composition de son cérémonial109, dans la notation des chants de la messe110 et dans le choix des antiennes, des psaumes et des répons du temps de Noël#111, avec la liturgie de l’abbaye Saint-Bénigne# de Dijon, réformée par Guillaume de Volpiano#, et la liturgie d’abbayes anglo-normandes liées à Saint-Bénigne. D’autres indices (la célébration au Mont de la fête de saint Bénigne# et la présence, dans des manuscrits provenant de l’abbaye, de chants pourvus de la notation alphabétique a-p, associée par plusieurs historiens à l’abbaye Saint-Bénigne112), ainsi que des études majeures publiées depuis les années 1970 que nous citons plus bas, étayent l’hypothèse d’une dépendance de la liturgie montoise à un réseau volpianien et à un sous-réseau anglo-normand, qu’explique en grande partie l’existence de liens de confraternité* entre les établissements composant ces réseaux. Cependant, l’évolution au cours des siècles de tels liens de confraternité entre le Mont Saint-Michel# et d’autres maisons (Fleury#, Redon#, Fécamp#…), reconstitués par l’étude des sources, nous laisse penser que l’office du Mont Saint-Michel et son sanctoral témoignent de plusieurs apports extérieurs successifs, dont le réseau volpianien ne serait pas la seule origine, et d’un phénomène d’adaptation locale d’usages étrangers. La disparition des livres liturgiques des chanoines qui ont précédé les moines dans le sanctuaire, et des manuscrits liturgiques de plusieurs abbayes du réseau de confraternité* montois nous empêche de répondre avec exactitude à cette question ; nous exposons à présent l’état des connaissances sur le réseau d’échanges liturgiques dans lequel s’inscrivit au Moyen Âge le Mont Saint-Michel#.

Dès le IXe siècle, et malgré la création d’ordres monastiques aux XIIe, XIIIe et XIVe siècles, les communautés bénédictines indépendantes ont eu tendance à s’associer par la prière, ce qui aboutit à la formation de réseaux de confraternité. Chaque association* n’engageait que les deux parties concernées et chaque abbaye se retrouvait ainsi au centre de son propre réseau (constitution de réseaux en étoile). À titre d’exemple, ce n’est pas parce que l’abbaye du Mont Saint-Michel# est étroitement associée aux abbayes de La Trinité de Fécamp# et de Saint-Sauveur de Redon# que ces deux derniers monastères devaient être spirituellement associés entre eux (ce ne fut d’ailleurs pas le cas). Les réseaux de confraternité ont favorisé la circulation des moines et de leurs livres, si bien que connaître la structure et l’évolution de ces réseaux au cours du Moyen Âge est essentiel pour appréhender la vie spirituelle, intellectuelle et artistique de ces communautés religieuses, et pour évaluer leurs influences mutuelles.

Dans le cas du Mont Saint-Michel#, la documentation nécrologique* et confraternelle* est bien conservée113. Il est donc possible de suivre assez précisément l’évolution de son réseau de confraternité depuis l’installation des moines bénédictins au Mont en 965 / 6 jusqu’au XVe siècle. À partir de cette époque, les associations spirituelles ont eu tendance à tomber en désuétude du fait du passage des abbayes sous le régime de la commende. Elles semblent disparaître progressivement, puis définitivement à la suite du Concile de Trente (fin du XVIe et première moitié du XVIIe siècle), les abbayes indépendantes étant, sinon contraintes, du moins fortement incitées à se regrouper et à se structurer en congrégations religieuses, ce qu’elles font majoritairement à partir du début du XVIIe siècle114.

Entre la fin du Xe siècle et le début du XIe siècle au Mont Saint-Michel#, sous les abbatiats de Mainard Ier#(v. 965-991) et de Mainard II# (991-1009), l’abbaye est déjà associée à plusieurs communautés religieuses importantes, localisées dans la Vallée de la Loire (Saint-Benoît-sur-Loire (Fleury)#, Marmoutier# et Saint-Julien de Tours#), en Normandie (Saint-Wandrille#, Jumièges#, Saint-Taurin d’Évreux# et Saint-Ouen de Rouen#), ainsi que dans le Maine (Saint-Vincent# et Saint-Pierre-de-la-Couture# du Mans), en Bretagne (Saint-Sauveur de Redon#), en Île-de-France (Saint-Germain-des-Prés#) et en Flandre (Saint-Bavon de Gand#)115. Au cours du siècle suivant, des liens spirituels seront également créés avec plusieurs autres abbayes, dont Saint-Aubin d’Angers#, Saint-Melaine de Rennes#, Notre-Dame d’Évron#, Notre-Dame du Bec#, Saint-Étienne de Caen#, Saint-Jacut-de-la-Mer# ou encore Saint-Méen-de-Gaël#116.

À partir de l’abbatiat d’Hildebert Ier# (1009-v. 1017), qui fut semble-t-il un proche collaborateur de Guillaume de Volpiano#, le réseau de confraternité du monastère s’élargit considérablement en intégrant le « réseau spirituel volpianien », un ensemble d’établissements monastiques touchés par les réformes de Guillaume de Volpiano, de ses disciples et de leurs collaborateurs. En plus des établissements précédemment cités, le Mont Saint-Michel# est désormais aussi associé aux abbayes de La Trinité de Fécamp#, Saint-Bénigne de Dijon#, Saint-Gorgon de Gorze#, Saint-Arnoul de Metz#, Saint-Èvre de Toul#, Saint-Faron de Meaux#, Saint-Michel de Tonnerre#, Saint-Pierre de Bèze#, Saint-Vivant de Vergy# et Fruttuaria#117. Plusieurs disciples de Guillaume de Volpiano, formés à Saint-Bénigne de Dijon, à La Trinité de Fécamp et à Fruttuaria, deviennent d’ailleurs abbés du Mont Saint-Michel des années 1020 aux années 1050 : Thierry# (1023-1027), Suppon# (1033-v. 1048) et Raoul de Beaumont# (v. 1048-1058). Ces associations spirituelles expliquent pourquoi le cursus liturgique hérité de Saint-Bénigne de Dijon# et de La Trinité de Fécamp# a été mis en place au Mont Saint-Michel, tout en étant adapté à l’usage local préexistant118.

Après la conquête de l’Angleterre en 1066 par Guillaume le Conquérant#, et surtout à partir des années 1070, des liens sont créés avec plusieurs établissements anglais : Saint-Pierre de Cerne#, Saint-Pierre de Hyde#, Saint-Augustin de Cantorbéry#, Saint-Pierre de Gloucester#, Saint-Pierre de Peterborough#, Notre-Dame d’Abington, Notre-Dame de Glastonbury#, Notre-Dame de Milton# ou encore Saint-Barthélemy de Crowland#. Plusieurs moines du Mont Saint-Michel ont même dirigé certains de ces établissements119.

Entre la fin du XIIe siècle et le XIIIe siècle, les moines du Mont Saint-Michel entretiennent des liens privilégiés avec des monastères situés en Normandie (La Trinité de Fécamp#, Saint-Étienne de Caen#, Notre-Dame du Bec#, Saint-Pierre de Jumièges#, Saint-Wandrille# et Saint-Sauveur-le-Vicomte#), en Bretagne (Saint-Sauveur de Redon# et Saint-Melaine de Rennes#) et dans le Maine (Notre-Dame d’Évron# et la Couture du Mans#), ainsi qu’avec Saint-Bavon de Gand# en Flandre, Saint-Bénigne de Dijon# en Bourgogne et Marmoutier# en Anjou. Nous trouvons en effet des moines associés provenant de ces différentes abbayes dans le nécrologe#* copié entre 1207 et 1220120.

À partir du XIIIe siècle, les commémorations individuelles de moines associés sont progressivement remplacées par une commémoration collective annuelle célébrée à une date fixe pour l’ensemble de la communauté associée, en particulier pour les monastères géographiquement éloignés. Des commémorations collectives annuelles sont d’abord ajoutées dans le nécrologe# montois pour les abbayes Saint-Pierre de Gloucester# (3 mars), Saint-Jean-Baptiste de Colchester# (29 mars), Saint-Jouin de Marnes# (1er juin), Saint-Bénigne de Dijon# (5 juin), Saint-Pierre de Bath# (16 juin) et Saint-Médard de Soissons# (5 juillet)121, puis cette tendance finira par s’imposer à l’ensemble des communautés associées.

À partir des informations recueillies grâce à la documentation nécrologique et confraternelle de l’abbaye du Mont Saint-Michel# et de ses monastères associés, il est possible de représenter le réseau de confraternité médiéval de l’abbaye du Mont Saint-Michel de la manière suivante122 :

Les liens de confraternité tissés par l’abbaye du Mont Saint-Michel# à partir du Xe siècle avec un grand nombre d’abbayes coïncident en partie avec des réseaux d’échanges liturgiques mis en évidence au cours du XXe siècle par plusieurs auteurs, qui mettent en relation le Mont Saint-Michel avec Saint-Bénigne# de Dijon et des abbayes concernées par la réforme de Guillaume de Volpiano#. Ce réseau d’échanges a été révélé par l’analyse de plusieurs séries de pièces : répons prolixes de l’office et versets alléluiatiques de la messe dont le choix ainsi que la position dans la série sont caractéristiques d’usages ou de groupes d’usages. En 1975, dom René-Jean Hesbert présenta dans le Corpus Antiphonalium Officii des groupes d’usages formés à l’étude des quarante-huit répons prolixes des quatre dimanches de l’Avent : l’examen du bréviaire# Avranches, Bibl. patr., ms 39# (cf. tableau 8) le conduit à inclure le Mont Saint-Michel dans le groupe dit de « Saint-Bénigne », dont il pense que l’abbaye de Dijon constitue la tête ; figurent également dans ce groupe les abbayes de Conches#, Evesham#, Fécamp#, Jumièges#, San Martino delle Scale#, Saint-Bénigne#, Saint-Évroult#, Saint-Germain-des-Prés#, Saint-Jacut-de-la-Mer#, Saint-Méen#, Troarn# et Winchcombe#123. Notons une variante montoise dans le choix du cinquième répons du premier dimanche# de l’Avent par rapport à la liste de référence du groupe II ou groupe de Saint-Bénigne établie par dom Hesbert. En 1980, David Hiley, se fondant sur la méthode développée par Gabriel Beyssac pour l’identification des missels#, étudie des listes de versets alléluiatiques des vingt-cinq dimanches suivant la Pentecôte : il avança l’hypothèse que la série partagée par les abbayes anglo-normandes du Mont Saint-Michel# (cf. tableau 10), de Fécamp#, Jumièges#, Saint-Évroult#, Westminster# et Abingdon# a pour origine deux listes successives de Saint-Bénigne# de Dijon, dont elle donnerait les versets dans un ordre sensiblement différent124. En 1993, Knud Ottosen présenta ses travaux sur les neuf répons prolixes de l’office des morts#, dans lesquels il rapproche le groupe dit « 90-32-57 » (dont le nom évoque les quatrième, cinquième et sixième répons de l’office) de l’abbaye de Cluny# et de la réforme de Guillaume de Volpiano#. La série du Mont Saint-Michel (cf. tableau 9) appartient à ce groupe, et s’avère identique aux variantes de deux témoins de Cluny et d’un sous-groupe constitué de nombreux usages européens parmi lesquels ceux de Saint-Bénigne de Dijon et d’abbayes anglo-normandes comme Jumièges#, Fécamp#, Troarn#, Saint-Ouen de Rouen#, Norwich#, Evesham# ou Winchcombe#125. En s’appuyant sur la circulation des moines et sur l’origine des abbés réformateurs126, une vue globale des résultats acquis lors de ces différents travaux a été récemment présentée dans le cadre d’une enquête plus large sur la circulation des livres et des textes liturgiques dans l’espace anglo-normand en contexte de fondation, de restauration et de réforme d’établissements religieux du Xe au XIIe siècles127.

Malgré la filiation liturgique du Mont Saint-Michel# avec Saint-Bénigne#, nous constatons, dans les différences liturgiques qui distinguent le cursus et le cérémonial de ces deux usages, un phénomène d’adaptation de la réforme de Guillaume de Volpiano# à des coutumes locales.

DimanchesRéponsIncipitCAO VCAO IV
Premier dimanche de l’AventR1Aspiciens a longe#116129
R2Aspiciebam in uisu noctis#126128
R3Missus est Gabriel#
137170
R4Aue Maria… Spiritus#146157
R5Saluatorem expectamus Dominum#157562
R6Audite uerbum Domini gentes#166149
R7Ecce uirgo concipiet#176620
R8Letentur celi et exultet#197068
R9Obsecro Domine mitte#187305
R10Leua Ierusalem oculos#647085
R11Confortamini manus fatigate#61Cf. 6321
R12Erumpant montes iocunditatem#806672
Deuxième dimancheR1Ierusalem cito ueniet#217031
R2Ecce Dominus ueniet et omnes sancti eius#226586
R3Ierusalem surge et sta#237034
R4Ciuitas Ierusalem noli flere#246290
R5Ecce ueniet Dominus protector#256613
R6Sicut mater consolatur#267660
R7Ierusalem plantabis uineam#277033
R8Egredietur Dominus de Samaria#286639
R9Alieni non transibunt#626066
R10Montes Israel ramos uestros#607177
R11Ecce Dominus ueniet cum splendore#726585
R12Rex noster adueniet Christus#297547
Troisième dimancheR1Ecce apparebit Dominus super nubem#316578
R2Bethleem ciuitas Dei#326254
R3Qui uenturus est#337485
R4Suscipe uerbum uirgo Maria#347744
R5Egypte noli flere#356056
R6Prope est ut ueniat tempus eius#367438
R7Descendet Dominus sicut pluuia#376408
R8Ecce radix Iesse#396606
R9Docebit nos Dominus uias suas#706481
R10Veni Domine et noli tardare#387824
R11Festina ne tardaueris#926728
R12Ecce Dominus ueniet ut saluos nos faciat#82Cf. 6587
Quatrième dimancheR1Canite tuba in Syon uocate#416265
R2Paratus esto Israel#94Cf. 7351
R3Me oportet minui#447137
R4Non auferetur sceptrum de Iuda#437224
R5Ecce iam ueniet plenitudo#456596
R6Virgo Israel reuertere#467903
R7Iuraui dicit Dominus#477045
R8Non discedimus a te uiuificabis#487227
R9Intuemini quantus sit#496983
R10Ecce ab Austro#736570
R11Radix Iesse qui exsurget#597508
R12Nascetur nobis paruulus#917195

Sources : Avranches, Bibl. patr., ms 39# (ff. 33v-67r) ; Maredsous, bibliothèque de l’abbaye, ms 16° / 1# (ff. 77v-92v)

RéponsIncipitOttosen128CAO IV
R 1Credo quod redemptor meus#146348
R 2Qui Lazarum resuscitasti#727477
R 3Domine quando ueneris#246507
R 4Subuenite sancti Dei#907716
R 5Heu mihi Domine#32Cf. 6811
R 6Ne recorderis peccata mea#577209
R 7Peccantem me cotidie#687368
R 8Domine secundum actum meum#286512
R 9Memento mei Deus#467143

Sources : Avranches, Bibl. patr., ms 39# (ff. 20r-20v) ; Avranches, Bibl. patr., ms 168# (ff. 93v-97v) ; Maredsous, bibliothèque de l’abbaye, ms 16° / 1# (ff. 69v-71r)

DimanchesIncipit du versetSource textuelle
Premier dimanche après l’octave de la PentecôteVerba mea auribus#Ps 5, 2
Deuxième dimanche après l’octave de la PentecôteLaudate Dominum omnes gentes#Ps 116, 1
Troisième dimanche après l’octave de la PentecôteDextera Dei fecit uirtutem#Ps 117, 16
Quatrième dimanche après l’octave de la PentecôteLauda anima mea Dominum#Ps 145, 2
Cinquième dimanche après l’octave de la PentecôteIn te Domine speraui#Ps 70, 1
Sixième dimanche après l’octave de la PentecôteConfitemini Domino et inuocate#Ps 104, 1
Septième dimanche après l’octave de la PentecôteTe decet hymnus Deus#Ps 64, 2
Huitième dimanche après l’octave de la PentecôteVenite exultemus Domino#Ps 94, 1
Neuvième dimanche après l’octave de la PentecôteDiligam te Domine#Ps 17, 2-3
Dixième dimanche après l’octave de la PentecôteDomine in uirtute#Ps 20, 2
Onzième dimanche après l’octave de la PentecôteQui sanat contritos#Ps 146, 3
Douzième dimanche après l’octave de la PentecôteQui timent Dominum#Ps 113, 19
Treizième dimanche après l’octave de la PentecôteTimebunt gentes nomen tuum#Ps 101, 16
Quatorzième dimanche après l’octave de la PentecôteExultate Deo adiutori#Ps 80, 2-3
Quinzième dimanche après l’octave de la PentecôteQuoniam Deus magnus#Ps 94, 3
Seizième dimanche après l’octave de la PentecôteQui posuit fines#Ps 147, 3
Dix-septième dimanche après l’octave de la PentecôteParatum cor meum#Ps 107, 2
Dix-huitième dimanche après l’octave de la PentecôteOmnes gentes plaudite#Ps 46, 2
Dix-neuvième dimanche après l’octave de la PentecôteAttendite popule meus#Ps 77, 1
Vingtième dimanche après l’octave de la PentecôteDomine Deus salutis#Ps 87, 2
Vingt-et-unième dimanche après l’octave de la PentecôteDeus iudex iustus#Ps 7, 12
Vingt-deuxième dimanche après l’octave de la PentecôteDe profundis clamaui#Ps 129, 1
Vingt-troisième dimanche après l’octave de la PentecôteDomine refugium factus es#Ps 89, 1
Vingt-quatrième dimanche après l’octave de la PentecôteDomine Deus meus in te speraui#Ps 7, 2
Vingt-cinquième dimanche après l’octave de la PentecôteBenedictus es Domine#Dn 3, 52

Source : Avranches, Bibl. patr., ms 42# (ff. 115v-135r)

Le sanctoral du Mont Saint-Michel

Le sanctoral du Mont Saint-Michel a été constitué à partir de plusieurs fonds129. La majorité de ses fêtes proviennent du sacramentaire# grégorien ainsi que du sacramentaire gélasien, et d’ajouts tardifs à ces fonds de fêtes communs à de très nombreux usages. Nous discernons également l’existence d’un fonds issu de la province ecclésiastique de Rouen, composé des fêtes des saints Laumer#, abbé de Corbion# (19 janv.), Honorine#, martyre* (27 févr.), Aubert#, évêque d’Avranches# (18 juin), Leufroy#, abbé dans le diocèse d’Évreux (21 juin), Berthevin#, martyr (11 juill.), Wandrille#, abbé de Fontenelle# (22 juill.), Taurin#, évêque d’Évreux# (11 août), Philibert#, abbé de Jumièges# (20 août), Ouen#, évêque de Rouen# (24 août), Paterne#, évêque d’Avranches# (23 sept.) et Romain#, évêque de Rouen# (23 oct.) – auxquelles nous pouvons ajouter la fête de la dédicace de l’église abbatiale du Mont Saint-Michel# (16 oct.), seule fête véritablement propre à l’abbaye. Remarquons la célébration de la fête de la Visitation de la Vierge Marie# le 1er avril, à la même date que dans le diocèse d’Avranches130.

Nous étudions dans le tableau suivant (cf. tableau 11) l’origine des fêtes du sanctoral montois, relevées dans les calendriers# de l’abbaye : les saints normands sont présentés en caractères gras. Les fêtes du Sacramentarium Gregorianum Hadrianum sont suivies de l’abréviation « Gr » ; elles sont suivies de l’abréviation « An » lorsqu’elles apparaissent dans le supplément d’Aniane131. Les fêtes du sacramentaire gélasien ont été relevées dans deux de ses témoins : dans le sacramentaire de Gellone (Paris, BnF, ms lat. 12048), et sont alors associées à l’abréviation « Ge »132, et dans le sacramentaire 348 de la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Gall, en utilisant l’abréviation « SG »133. Les fêtes ajoutées tardivement au fonds des fêtes universelles sont signalées par l’abréviation « Fc ».

DateFêtesSacramentaires
2 janv.Octave d’Étienne#Fc
3 janv.Octave de Jean#Fc
4 janv.Octave des Saints-Innocents#Fc
13 janv.Hilaire#, évêque de PoitiersFc
14 janv.Félix in Pincis#, prêtre de NoleGr 19 ; An 1527 ; Ge 21 ; SG 19
15 janv.Maur#, abbé de Glanfeuil#Fc
16 janv.Marcel I#, pape et martyrGr 20 ; An 1529 ; Ge 23 ; SG 21
17 janv.Antoine#, ermiteFc
Sulpice#, évêque de Bourges#
18 janv.Prisque#, vierge et martyreGr 21 ; Ge 25 ; SG 22
19 janv.Laumer#, abbé de Corbion#
20 janv.Fabien#, pape, et Sébastien#, martyrsGr 22-23 ; An 1530 (Sébastien) ; Ge 27-28 ; SG 24-25
21 janv.Agnès#, vierge et martyreGr 24 ; An 1531 ; Ge 29 ; SG 26
22 janv.Vincent#, diacre et martyrGr 25 ; An 1532 ; Ge 30 ; SG 27
23 janv.Émérentienne#, vierge et martyreGe 32 ; SG 29
25 janv.Conversion de Paul#, apôtreAn 1535 ; Ge 33 ; SG 31
Priest#, évêque de Clermont et martyrAn 1534 ; Ge 33 ; SG 30
26 janv.Polycarpe#, évêque de Smyrne# et martyrFc
27 janv.Julien#, évêque du MansFc
28 janv.Agnès, vierge et martyre, Secundo#Gr 26 ; Ge 34 ; SG 32
1 fév.Brigitte#, abbesse de Kildare#Fc
2 fév.Purification de la Vierge Marie#An 1537 ; Gr 27
3 fév.Blaise#, évêque de Sébaste# et martyrFc
5 fév.Agathe#, vierge et martyreGr 28 ; An 1538 ; Ge 36 ; SG 35
6 fév.Dorothée#, vierge et martyreFc
9 fév.Apolline#, vierge et martyreFc
10 fév.Scholastique# de Nursie, monialeFc
14 fév.Valentin#, évêque de Terni# et martyrGr 29 ; Ge 41 ; SG 40
22 fév.Chaire de Pierre#An 1541 ; Ge 43 ; SG 42
24 fév.Matthias#, apôtreFc
27 févr.Honorine#, vierge et martyre à Lillebonne#
1 marsAubin#, évêque d’Angers#Fc
12 marsGrégoire I#, papeGr 30 ; An 1542 ; Ge 45 ; SG 44
19 marsJoseph#, époux de la Vierge MarieFc
21 marsBenoît de Nursie#, abbéFc
25 marsAnnonciation#Gr 31 ; An 1598 ; Ge 124 ; SG 111
1 avr.Visitation# de la Vierge Marie
4 avr.Ambroise#, évêque de Milan#Fc
14 avr.Tiburce, Valérien et Maxime#, martyrsGr 98 ; An 1601 ; Ge 128 ; SG 115
23 avr.Georges#, martyrGr 99 ; An 1603 ; Ge 130 ; SG 117
25 avr.Marc#, évangélisteGr 100 ; Ge 131 ; SG 118
26 avr.Marcellin#, papeFc
28 avr.Vital de Ravenne#, martyrGr 101 ; Ge 137 ; SG 120
1 maiPhilippe et Jacques#, apôtresGr 102 ; An 1608 ; Ge 139 ; SG 122
2 maiAthanase#, évêque d’Alexandrie#Fc
3 maiInvention de la sainte Croix#An 1609 ; Ge 142 ; SG 125
Alexandre I#, pape, et ses compagnons, martyrsGr 103 ; Ge 141 ; SG 124
6 maiJean devant la Porte Latine#Gr 104 ; Ge 144 ; SG 127
8 maiApparition de Michel sur le Mont Gargan#Fc
9 maiTranslation de Nicolas#, évêque de Myre#
10 maiGordien et Épimaque#, martyrsGr 105 ; Ge 145 ; SG 128
12 maiNérée et Achillée#, martyrsAn 1611 ; Ge 146 ; SG 129
Pancrace#, martyrGr 106 ; Ge 147 ; SG 129
20 maiBasile#, vierge et martyre
25 maiUrbain I#, pape et martyrGr
109 ; Ge 152 ; SG 134
28 maiChéron#, martyr
1 juinNicomède# (dédicace), prêtre et martyrGr 119 ; Ge 163 ; SG 145
2 juinMarcellin et Pierre#, martyrsGr 120 ; An 1622 ; Ge 164 ; SG 146
8 juinMédard#, évêque de Noyon#
9 juinPrime et Félicien#, martyrsGe 166 ; SG 148
11 juinBarnabé#, apôtreFc
12 juinBasilide, Cyrin, Nabor et Nazaire#, martyrsGe 167 ; SG 149
15 juinGuy#, martyrGe 174 ; SG 156
Modeste et Crescence#, martyrsFc
16 juinCyr et Julitte#, martyrsFc
18 juinAubert#, évêque d’Avranches#
Marc et Marcellien#, martyrsGr 121 ; Ge 175 ; SG 157
19 juinGervais et Protais#, martyrsGr 122 ; An 1627 ; Ge 177 ; SG 159
21 juinLeufroy#, abbé dans le diocèse d’Évreux
23 juinVigile de Jean-Baptiste#Gr 123 ; An 1629 ; Ge 179 ; SG 161
24 juinJean-Baptiste#, prophèteGr 124-125 ; An 1630 ; Ge 180-181 ; SG 162
25 juinTranslation d’Éloi#, évêque de Noyon#Fc
Octave d’Aubert#
26 juinJean et Paul#, martyrsGr 126 ; An 1631 ; Ge 183 ; SG 165
28 juinLéon, pape#Gr 127
Vigile de Pierre et Paul##Gr 128 ; Ge 185 ; SG 167
29 juinPierre# et Paul#, apôtresGr 129 ; An 1633 ; Ge 186 ; SG 168
30 juinCommémoraison de Paul#, apôtreGr 130 ; Ge 187 ; SG 170
Martial#, évêque de Limoges#
1 juill.Octave de Jean-Baptiste#Fc
2 juill.Procès et Martinien#, martyrsGr 132 ; Ge 188 ; SG 171
4 juill.Translation de Martin#, évêque de Tours#
6 juill.Octave de Pierre et Paul##Gr 131 ; Ge 190 ; SG 173
10 juill.Les Sept frères#, martyrsGr 133 ; An 1635 ; Ge 191 ; SG 174
11 juill.Translation de Benoît de Nursie#, abbéAn 1637 ; Ge 193-194 ; SG 176
Berthevin#, martyr
18 juill.Arnoul des Yvelines#, évêque et martyr
Octave de Benoît#
20 juill.Marguerite#, vierge et martyreFc
21 juill.Praxède#, viergeFc
22 juill.Marie-Madeleine#, sainte femmeFc
Wandrille#, abbé de Fontenelle#
23 juill.Apollinaire#, évêque de Ravenne# et martyrFc
24 juill.Vigile de Jacques#Fc
25 juill.Jacques le Majeur, apôtre#An 1640 ; Ge 196 ; SG 179
Christophe#, martyrFc
Cucufa#, martyr
26 juill.Anne#, mère de la Vierge MarieFc
27 juill.Sept dormants#, martyrs
28 juill.Samson#, évêque de Dol#
Pantaléon#, martyrFc
29 juill.Félix, Simplice, Faustin et Béatrice#, martyrsGr 134 ; Ge 198-199 ; SG 180-181
30 juill.Abdon et Sennen#, martyrsGr 135 ; An 1641 ; Ge 200 ; SG 182
31 juill.Germain#, évêque d’Auxerre#
1 aoûtSaint Pierre aux Liens#Gr 136 ; Ge 202 ; SG 184
Eusèbe#, évêque de Verceil#
Maccabées#, martyrsAn 1643 ; Ge 202 ; SG 184
2 aoûtÉtienne#, pape et martyrGr 137 ; Ge 203 ; SG 185
3 aoûtInvention d’Étienne#, diacre et protomartyrFc
6 aoûtSixte II#, pape et martyrGr 138 ; An 1644 ; Ge 204 ; SG 186
Félicissime et Agapit#, diacres et martyrsGr 139 ; Ge 205 ; SG 187
7 aoûtDonat#, évêque d’Arezzo# et martyrGe 206 ; SG 188
8 aoûtCyriaque#, diacre et martyrGr 140 ; Ge 207 ; SG 190
Large et Smaragde#, martyrsFc
9 aoûtRomain# de Rome, martyrFc
Vigile de Laurent#Gr 141 ; An 1646 ; Ge 208 ; SG 191
10 aoûtLaurent, diacre et martyr#Gr 142-143 ; An 1647 ; Ge 209-210 ; SG 192-193
11 aoûtTiburce#, martyrGr 144 ; An 1648 ; Ge 211 ; SG 194
Taurin#, évêque d’Évreux#
Suzanne#, vierge et martyreFc
13 aoûtHippolyte#, martyrGr 145 ; An 1649 ; Ge 212 ; SG 195
14 aoûtEusèbe#, prêtre de Rome#Gr 146 ; An 1651 ; Ge 214 ; SG 197
Vigile de l’Assomption#Gr 147 ; Ge 215 ; SG 198
15 aoûtAssomption# de la Vierge MarieGr 148-149 ; An 1652 ; Ge 216 ; SG 199
16 aoûtArnoul#, évêque de Metz#
17 aoûtOctave de Laurent#An 1653 ; Ge 217 ; SG 200
18 aoûtAgapit#, martyrGr 150 ; Ge 218 ; SG 201
20 aoûtPhilibert#, abbé de Jumièges# puis de Noirmoutier#
22 aoûtTimothée d’Antioche#, martyrGr 151 ; Ge 220 ; SG 203
Symphorien#, martyrFc
Octave de l’Assomption#Fc
23 aoûtTimothée# de Reims et Apollinaire, martyrs
Vigile de Barthélemy#Fc
24 aoûtBarthélemy#, apôtreAn 1656 ; Ge 223 ; SG 205
Ouen#, évêque de Rouen#
25 aoûtLouis#, roi de FranceFc
Genès#, martyr
27 aoûtRufus#, martyrAn 1657 ; Ge 224 ; SG 206
28 aoûtAugustin#, évêque d’Hippone#An 1659 ; Ge 225
Hermès#, martyrGr 152 ; An 1658 ; Ge 226 ; SG 207
Julien de Brioude#, martyr
29 aoûtDécollation de Jean-Baptiste#, prophèteAn 1661 ; Ge 229 ; SG 210
Sabine#, martyreGr 153 ; Ge 228 ; SG 209
30 aoûtFélix et Audacte#, martyrsGr 154 ; Ge 230 ; SG 211
1 sept.Gilles#, ermiteFc
Prisque#, martyrAn 1662 ; Ge 231 ; SG 212
Victeur#, évêque du Mans
3 sept.Ordination de Grégoire I#, pape
8 sept.Nativité de la Vierge Marie#Gr 155-156 ; An 1664 ; Ge 233 ; SG 214
Adrien#, martyrGe 233 ; SG 214
9 sept.Gorgon#, martyrAn 1665 ; Ge 234 ; SG 215
11 sept.Prote et Hyacinthe#, martyrsGr 157 ; Ge 235 ; SG 216
13 sept.Maurille#, évêque d’Angers#
14 sept.Exaltation de la sainte Croix#Gr 159 ; An 1667 ; Ge 237 ; SG 218
Corneille, pape, et Cyprien#, évêque de Carthage#, martyrsGr 158 ; An 1668 ; Ge 238 ; SG 219-220
15 sept.Nicomède#, prêtre et martyrGr 160 ; Ge 240 ; SG 221
Octave de la Nativité de la Vierge Marie#Fc
16 sept.Euphémie#, vierge et martyreGr 161 ; Ge 241 ; SG 222
Lucie de Rome et Géminien#, martyrsGr 162 ; Ge 242 ; SG 223
17 sept.Lambert#, évêque de Maastricht# et martyr
20 sept.Vigile de Matthieu#Ge 244 ; SG 225
21 sept.Matthieu#, apôtre et évangélisteAn 1671 ; Ge 245 ; SG 226
22 sept.Maurice et ses compagnons#, soldats et martyrsFc
23 sept.Paterne#, évêque d’Avranches#
27 sept.Côme et Damien#, martyrsGr 168 ; An 1676 ; Ge 250 ; SG 231
28 sept.Vigile de Michel#
29 sept.Michel#, archangeGr 169 ; An 1677 ; Ge 251 ; SG 232
30 sept.Jérôme#, prêtreGe 252
1 oct.Remi#, archevêque de Reims#Fc
Piat#, prêtre et martyr
2 oct.Léger#, évêque d’Autun# et martyr
4 oct.François d’Assise#, franciscainFc
6 oct.Foy#, martyreFc
Caprais#, martyr
Octave de Michel#
7 oct.Marc, pape#Gr 170 ; Ge 254 ; SG 234
9 oct.Denis#, évêque de Paris#, et ses compagnons, martyrsFc
11 oct.Nicaise# et ses compagnons, martyrs
13 oct.Géraud#, comte d’Aurillac#
14 oct.Calixte#, pape et martyrGr 171 ; Ge 257 ; SG 237
15 oct.Basle#, ermite
Vigile de la dédicace de l’église du Mont Saint-Michel#
16 oct.Dédicace de l’église du Mont Saint-Michel#
18 oct.Luc#, évangélisteAn 1681 ; Ge 259 ; SG 239
23 oct.Romain#, évêque de Rouen#
Octave de la dédicace du Mont Saint-Michel#
25 oct.Crépin et Crépinien#, martyrsFc
27 oct.Vigile de Simon et Jude#An 1683 ; Ge 261 ; SG 241
28 oct.Simon et Jude, apôtres#An 1684 ; Ge 262 ; SG 242
31 oct.Quentin#, martyrFc
Vigile de Toussaint#Fc
1 nov.Toussaint#Fc
Eustache#, martyr
Bénigne#, martyr
2 nov.Défunts#Fc
6 nov.Léonard#, ermiteFc
Melaine#, évêque de Rennes#
8 nov.Quatre couronnés#, martyrsGr 174 ; An 1687 ; Ge 266 ; SG 246
9 nov.Théodore#, martyrGr 175 ; Ge 267 ; SG 247
11 nov.Martin#, évêque de Tours#Gr 177 ; An 1688 ; Ge 269 ; SG 249
Ménas#, martyrGr 176 ; Ge 268 ; SG 248
13 nov.Brice#, évêque de Tours#Fc
15 nov.Malo#, évêque d’Aleth#
18 nov.Octave de Martin#
21 nov.Colomban#, abbé de Luxeuil# et de Bobbio#
22 nov.Cécile#, vierge et martyreGr 178 ; An 1692 ; Ge 273 ; SG 254
23 nov.Clément#, pape et martyrGr 179 ; An 1693 ; Ge 274 ; SG 255
Félicité#, veuve et martyreGr 180 ; Ge 275 ; SG 256
24 nov.Chrysogone#, martyrGr 181 ; An 1694 ; Ge 276 ; SG 257
25 nov.Catherine#, vierge et martyreFc
29 nov.Saturnin#, martyrGr 182 ; An 1696 ; Ge 278 ; SG 259
Vigile d’André#Gr 183 ; An 1697 ; Ge 279 ; SG 260
30 nov.André#, apôtreGr 184 ; An 1698 ; Ge 280 ; SG 261
1 déc.Chrysante et Daria#, martyrsSG 259
Éloi#, évêque de Noyon#
4 déc.Barbe#, vierge et martyreFc
6 déc.Nicolas#, évêque de Myre#Fc
7 déc.Ordination d’Ambroise#, évêque de Milan#Fc
Octave d’André#Ge 286 ; SG 267
8 déc.Conception de la Vierge Marie#Fc
11 déc.Damase#, papeGe 287 ; SG 268
13 déc.Lucie de Syracuse#, vierge et martyreGr 187 ; Ge 289 ; SG 270
20 déc.Vigile de Thomas#Fc
21 déc.Thomas, apôtre#An 1709 ; Ge 295 ; SG 276
25 déc.Anastasie#, martyreGr 7 ; Ge 4 ; SG 3
26 déc.Étienne#, diacre et protomartyrGr 10 ; An 1518 ; Ge 7 ; SG 7
27 déc.Jean#, apôtre et évangélisteGr 11 ; An 1519 ; Ge 8 ; SG 8
28 déc.Innocents#, martyrsGr 12 ; An 1520 ; Ge 9 ; SG 9
29 déc.Thomas Becket#, archevêque de Cantorbéry# et martyrFc
31 déc.Sylvestre#, papeGr 13 ; Ge 11 ; SG 11

Le sacramentaire# New York, Morgan Library and Museum, ms M.641#, copié au XIe siècle, présente plusieurs fêtes de saints absentes des calendriers du Mont Saint-Michel, postérieurs au XIIIe siècle : Geneviève#, vierge* (3 janvier), Hélène, impératrice (s.d. #en fév. et 18 août#), Vital#, martyr (14 févr.), Félicule#, martyre (14 févr.), Zénon#, martyr (14 févr.), Félicité#, martyre (7 mars), Perpétue#, martyre (7 mars), Juvenal#, évêque de Narni# (3 mai), Gangolf#, martyr (11 mai), Maïeul# de Cluny, abbé (11 mai), Nazaire#, martyr (28 juill.), Celse#, martyr (28 juill.), Magne#, évêque d’Anagni# et martyr (19 août), Sixte#, évêque de Soissons# et de Reims# (s.d. en sept.), Sinice#, évêque de Soissons# et de Reims# (s.d. en sept.), Nivard#, évêque de Reims# (s.d. en sept.), la translation de Germain#, évêque d’Auxerre# (1er oct.), Vaast#, évêque d’Arras# (1er oct.), Bavon#, ermite (1er oct.), Marcel#, martyr (s.d. en oct.), Pardulphe#, abbé (s.d. en oct.), Apulée#, martyr (s.d. en oct.), Césaire#, diacre et martyr (1er nov.), Colombe#, vierge et martyre (31 déc. ; fête donnée, de première main, dans le seul calendrier# du bréviaire# Maredsous, bibliothèque de l’abbaye, ms 16° / 1#, f. 6v), Basile#, évêque (31 déc.). Par ailleurs, ce sacramentaire fait précéder la fête de Benoît du 21 mars d’une vigile#, et donne à plusieurs fêtes des dates différentes de celles relevées dans les calendriers, plus tardifs : Euphémie de Chalcédoine# (13 avr.), Léger# (3 oct.), Melaine# (11 oct.), Ménas# (10 nov.), Malo# (14 nov.), Lucie de Syracuse# (12 déc.).

Plusieurs fêtes furent ajoutées de seconde main au cours du XVe siècle dans le calendrier# du bréviaire# Maredsous, bibliothèque de l’abbaye, ms 16° / 1#, sans doute héritées d’un autre usage ou des dévotions de son propriétaire : les fêtes de Thibaut#, évêque (14 mai), Claude#, évêque (6 juin), Aignan#, évêque (14 juin), des Dix mille martyrs# (23 juin), d’Hélène#, impératrice (18 août), Audomar#, évêque (9 sept.), des Onze mille vierges#, martyres (21 oct.) et de Theudère#, abbé (29 oct.). Ce document est le seul calendrier montois à donner, de première main, sans mention de leçons, la fête du pape Léon le Grand# en avril (9 avr. – à la place du 11 avr. ?). De même, le calendrier du collectaire# Avranches, Bibl. patr., ms 215# est le seul calendrier montois à prescrire la fête de Guillaume#, archevêque de Bourges# (10 janv.) ; en outre, nous ne trouvons mention de la fête de Guillaume Pinchon#, évêque de Saint-Brieuc#, que dans le calendrier du manuscrit Avranches, Bibl. patr., 214# (29 juill.). Enfin, un saint confesseur, Théobard ou Théobald#, n’apparaît que dans les calendriers des manuscrits Avranches, Bibl. patr., 214# et BnF, NAL 424# (1er juill.). Ces quatre calendriers ont été copiés aux XIVe et XVe siècles.

Organisation du catalogue et des notices

Les notices présentées dans ce catalogue sont réparties en deux sections : la première est consacrée aux manuscrits, et la seconde aux fragments. Au sein de ces sections, les manuscrits sont classés par ordre alphabétique de lieu de conservation et par ordre numérique de cote : à chaque notice sont associés un numéro d’ordre (manuscrits) ou une lettre (fragments).

Au sein des notices, une première section présente les parties principales du manuscrit134 et les additions - et, sous le titre de ces parties, les fêtes majeures ou locales relevées dans le temporal, le sanctoral et le commun des saints par une indication de folio et la transcription entre guillemets de la rubrique, ou la reconstitution entre crochets des rubriques absentes. Le texte des transcriptions restitue les graphies du manuscrit. Les sigles et abréviations de pièces et de répertoires utilisés sont développés en tête du volume : les oraisons ont généralement été identifiées grâce au Corpus orationum, et les pièces de chant le plus souvent à partir des volumes des Analecta hymnica et du Corpus antiphonalium officii. À cette première section succèdent la description codicologique du manuscrit, une note sur son histoire avec la mention de ses cotes anciennes, puis la citation de catalogues et des études qui lui sont consacrées.

Les manuscrits présentés dans ce catalogue ont, pour certains, fait l’objet de descriptions détaillées dans des catalogues de bibliothèques et des répertoires de livres liturgiques : citons le répertoire des Sacramentaires et missels manuscrits des bibliothèques publiques de France de V. Leroquais (1924) où sont décrits le missel# Avranches, Bibl. patr., ms 42# et le sacramentaire# Rouen, Bibliothèque patrimoniale Villon, ms mm 15 (suppl. CGM 116) #, et le répertoire des Bréviaires manuscrits des bibliothèques publiques de France du même auteur (1932) où sont présentés le bréviaire# Avranches, Bibl. patr., ms 39# et le bréviaire BnF, ms NAL 424#. Nous renvoyons le lecteur à la bibliographie associée à chaque manuscrit dans les notices du catalogue ainsi qu’à la bibliographie générale présentée en fin de volume.

Un cahier complémentaire d’illustrations présente l’évolution du système décoratif des manuscrits liturgiques montois, les types de notation musicale utilisés dans ces sources et diverses pièces décrites dans l’introduction (page de calendrier, litanies, fragment de bréviaire). Des références aux planches de ce cahier sont données en tête des notices de manuscrits (abréviation : pl.).

The Economics of geographical indications

Geographical indications (GIs) acquired global relevance in 1994 with their legal protection as an intellectual property right (IPR) in the Agreement on Trade-Related Aspects of Intellectual Property Rights (TRIPS Agreement) of the World Trade Organization (WTO). The term GI was coined to encompass a variety of expressions already in use in other international treaties and national legislations, such as appellations of origin. The new term was given a specific definition in Article 22.1 of the TRIPS Agreement, which is the one retained in this book:

“Geographical indications are indications which identify a good as originating in the territory of a Member, or a region or locality in that territory, where a given quality, reputation or other characteristic of the good is essentially attributable to its geographical origin.” (Article 22.1 of the TRIPS Agreement)

Feta cheese, Champagne, Pisco, Darjeeling tea, Basmati rice, and Parma ham are all examples of well-known GIs.

Since the Doha Round of multilateral trade negotiations of the WTO was launched in 2001, a number of countries have expressed their willingness to renegotiate the GI-relevant section of the TRIPS Agreement, though the subject has not been retained.

ex=1+x1!+x22!+x33!+,<x<{e} ^ {x} =1+ {x} over {1!} + {{x} ^ {2}} over {2!} + {{x} ^ {3}} over {3!} +…, -∞< x <∞

Briefly, current discussions at the WTO are framed by two opposing groups of countries. On one side, the “friends of GIs” favour a strong level of protection (with the concomitant non-misleading requirement and no generic exemption), the establishment of a global registry of GIs, and the extension of the special protection for wine and spirits to all products:

a2+b2=c2{a} ^ {2} + {b} ^ {2} = {c} ^ {2}
.

Their opponents favour the statu quo. These countries are satisfied with the current level of protection and favour the establishment of a voluntary system wherein notified GIs would be registered in a database. The governments participating in said system would have to consult the database when making protection decisions in their own countries. Non-participating members would be “encouraged” but “not obliged” to consult the database. Opponents also counter the “usurpation” argument by recalling that European colonial rule and immigration led GIs to be adopted and popularized as generic terms outside Europe. They argue that current users of European GIs outside Europe would have the value of their investments “confiscated” if a monopoly over the GI label were imposed.

Several bilateral agreements on GIs have been negotiated, most of them on the basis of the TRIPS clause that mandates GI wine and spirits negotiations at the request of a WTO Member. Bilateral agreements are usually negotiated and enforced under the umbrella of Free Trade Agreements (FTAs), which facilitate trade-offs in other sectors over the course of the negotiations:

$$\vec{M}=I\,(\vec{B}\cdot \vec{r})\vec{l}=I\,\vec{S}\times \vec{B}=\vec{m}\times \vec{B}$$

I refer to (Blakeney 2001) and (OECD 2000) for a detailed description of national systems of the protection of geographical indications. The aspect of primary relevance to this book is the fact that the TRIPS Agreement does not specify the legal means to protect GIs – it is left to each member to decide upon specific instruments:

$${\mathbb N}^2 \times \mathbb {R}$$
.

In relation to the socio-economic and developmental aspects of GIs, I refer to Rangnekar (2003a), the OECD (2000), Marette (2005), and Giovanucci et al. (2009). Each work includes its own extensive literature review. These papers take stock of the major theories that have been (or may be) applied to the topic, and review the major models developed for related issues, such as trademarks:

$$\tag{1}mv_f^2 - mv_i^2 = 2\mathop \smallint \limits_i^f F{\rm{d}}x$$
$$\tag{2}\frac{m{{V}_{r}}{}^\text{2}}{2}-\frac{m{{v}_{r}}{}^\text{2}}{2}=\int{P\cos (\widehat{Pd{{s}_{r}}})d{{s}_{r}}+\int{{{P}_{e}}\cos (\widehat{{{P}_{e}}d{{s}_{r}}})d{{s}_{r}}}}$$

Conversely, a determinant feature of most national regimes is that registration of GIs as trademarks is generally prohibited (explicitly or through jurisprudence). This does not necessarily imply that the GI is recognized a protection in itself – in most cases, the trademark registration of a GI is refused on grounds that the GI has become a generic term.