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1 – Titres, liste, index et notes…

Titles, lists, index and notes…

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Les manuscrits liturgiques, qui accompagnaient la célébration des offices* et de la messe* des communautés chrétiennes, nous livrent de précieuses informations sur les pratiques cultuelles et l’organisation de la vie quotidienne des établissements religieux, des ordres* et des diocèses. L’étude de ces sources nous permet entre autres de reconstituer le chant des communautés, la hiérarchie et le cérémonial de leurs fêtes*, mais également d’aborder plus largement d’autres aspects – connexes à la liturgie – de l’histoire et de la vie des moines et des clercs : les fonctions des officiers de la liturgie ; la configuration des espaces dédiés au culte ou traversés par les processions* ; le nom des autels et des chapelles ainsi que l’époque de leur construction et de leur usage. Dans les domaines de l’histoire religieuse et de l’histoire politique : le culte des saints ; les positions théologiques d’une communauté (ainsi, dans les expressions de sa dévotion à la Vierge, aux anges*, etc.) ; les visites des rois et des prélats et l’accueil des pèlerins dans un sanctuaire ; la commémoration* (memoria) individuelle et collective des religieux et des laïcs ; le trésor des reliques*. Dans le domaine de l’histoire culturelle : les transferts de manuscrits et la diffusion des textes ; le rôle d’un établissement dans un réseau d’échanges, et sa possible identification à un centre spirituel, artistique et intellectuel ; les pratiques de chant et les systèmes de notation musicale* ; l’activité d’un scriptorium (les manuscrits liturgiques ayant souvent été produits dans l’établissement où ils devaient être utilisés) ; les évolutions tardives de la langue latine ; les formes de la poésie et du théâtre liturgiques (hymnes*, drames*…), etc.

L’élaboration du présent catalogue est né d’un constat : pour une pleine compréhension de ces réalités historiques, et pour appréhender la liturgie dans toutes ses dimensions et ses particularités locales, il est essentiel que le chercheur puisse prendre en compte la totalité des livres liturgiques d’une communauté encore conservés. Ces livres médiévaux se complétaient dans la pratique et possèdent un contenu différent selon leur typologie et leur destinataire, qu’il s’agisse par exemple du célébrant ou d’un chœur. Certains manuscrits ordonnaient ainsi les actions liturgiques et la hiérarchie des fêtes ; d’autres donnaient le texte entier, parfois notés, des chants, des lectures et des oraisons*. Pour cette raison, il existe une forte intertextualité entre les manuscrits, et l’un des objectifs de ce catalogue est de les mettre en évidence. Répondant en cela à l’intuition de la Bibliothèque virtuelle du Mont Saint-Michel, ce volume présente donc l’ensemble des sources liturgiques de l’abbaye bénédictine du Mont Saint-Michel# aujourd’hui identifiées. Il réunit les notices détaillées de dix-huit manuscrits et de quatre fragments, principalement conservés à la Bibliothèque patrimoniale d’Avranches# (quatorze volumes et quatre fragments) : la ville d’Avranches est en effet dépositaire des livres provenant de l’ancienne bibliothèque du Mont Saint-Michel depuis la Révolution française. Les quatre autres manuscrits ont quitté les bibliothèques du Mont ou d’Avranches entre la fin du XVIe siècle et la fin du XIXe siècle. Ils se trouvent à présent à la bibliothèque de l’abbaye de Maredsous#, en Belgique (un volume), au Morgan Library and Museum (autrefois Pierpont Morgan Library) de New York (un volume), à la Bibliothèque nationale de France à Paris (un volume) et à la Bibliothèque patrimoniale Villon de Rouen (un volume). Ces manuscrits, copiés après le Xe siècle, témoignent de l’unité de la liturgie montoise dans les derniers siècles du Moyen Âge, de ses évolutions tardives (rehaussement du degré de solennité* ou introduction de nouvelles fêtes dans le sanctoral*…) et de sa parenté avec d’autres usages liturgiques*.

L’introduction de ce catalogue présente l’histoire et les caractéristiques liturgiques de ces sources manuscrites. Certains termes de la liturgie sont expliqués dans un glossaire proposé à la fin du volume1 : la première occurrence de chaque terme décrit dans ce glossaire est suivie d’une étoile dans l’introduction. Le lecteur pourra également faire usage d’une liste d’ouvrages, de bases de données et de collections éditoriales utiles pour l’étude de la liturgie médiévale, présentée à la suite de la bibliographie générale sous le titre : « La liturgie latine occidentale : approche bibliographique ».

Histoire des manuscrits du Mont Saint-Michel

Le scriptorium du Mont Saint-Michel

Nous conservons donc aujourd’hui une vingtaine de manuscrits et de fragments liturgiques à l’usage de l’abbaye du Mont Saint-Michel. Par comparaison avec les deux autres bibliothèques bénédictines normandes les mieux conservées, nous relevons qu’environ vingt-huit manuscrits liturgiques à l’usage de La Trinité de Fécamp#2 et quarante-six manuscrits à l’usage de Jumièges#3 nous sont parvenus. Le corpus liturgique montois conservé paraît donc restreint, mais il a néanmoins l’intérêt de représenter une grande variété de sources, qui sont complémentaires et couvrent une période relativement large. La copie des manuscrits liturgiques montois, entre le XIe et le XVe siècle, s’inscrit plus largement dans une tradition de production de livres au sein de ce monastère. Le scriptorium du Mont, actif à partir de la fin du Xe siècle, était réputé tant pour la qualité de l’écriture de ses copistes que pour la richesse des décors exécutés par ses artistes. Il fut ainsi l’un des centres de copie les plus dynamiques de Normandie depuis l’an mille jusqu’au début de la période gothique, dans la première moitié du XIIIe siècle.

Les travaux pionniers de Geneviève Nortier4 et de François Avril5, réalisés entre 1950 et 1975, ont permis de mieux connaître l’histoire des scriptoria et des bibliothèques de neuf des plus importants monastères bénédictins normands. Ces enquêtes ont mis en lumière la grande richesse du patrimoine écrit de la Normandie produit durant la période ducale (911-1204), ainsi que la qualité artistique remarquable des livres copiés et enluminés à l’époque romane, du milieu du XIe au milieu du XIIe siècle, en particulier au Mont Saint-Michel#.

Ces recherches ont également révélé la forte disparité de la conservation des sources écrites anciennes, selon les établissements. À partir de la fin du Moyen Âge, plusieurs périodes de trouble ont en effet entraîné la dégradation, la dispersion et la perte de tout ou partie des fonds de manuscrits des communautés religieuses de la province ecclésiastique de Rouen. Les bibliothèques monastiques n’ont guère été épargnées, mais toutes n’ont pas été frappées de la même manière au cours de la Guerre de Cent ans (XIVe-XVe siècle), des Guerres de Religion (seconde moitié du XVIe siècle) et de la Révolution française (années 1790). Grâce au caractère insulaire et fortifié de son abbaye – réformée dès 1622 par les moines de la congrégation* de Saint-Maur, qui furent particulièrement sensibles à la bonne conservation des livres anciens – la bibliothèque du Mont Saint-Michel# a été mieux préservée que la plupart des fonds des autres abbayes, évêchés et églises normands. En classant ces monastères bénédictins en fonction du nombre de manuscrits médiévaux conservés, l’abbaye du Mont Saint-Michel se place ainsi, avec l’abbaye de La Trinité de Fécamp#, au deuxième rang avec un total de 225 manuscrits à ce jour identifiés6. Seule l’abbaye de Jumièges#, avec 374 manuscrits, les devance, d’ailleurs assez largement7. Jumièges, le Mont Saint-Michel# et la Sainte-Trinité de Fécamp précèdent les abbayes de Saint-Évroult# (140 manuscrits), Lyre# (130 manuscrits), Saint-Ouen de Rouen# (60 manuscrits), Saint-Martin de Sées# (56 manuscrits), Saint-Wandrille# (53 manuscrits), Le Bec# (34 manuscrits) et Saint-Pierre de Préaux# (26 manuscrits)8. D’autres communautés, telles que Saint-Étienne de Caen#, La Trinité de Caen#, Saint-Taurin d’Évreux#, Saint-Pierre-sur-Dives# ou encore Saint-Martin de Troarn#, ont pratiquement perdu l’intégralité de leur bibliothèque médiévale, pourtant sans doute très riche, entre le XVe et le XIXe siècle9.

Dispersion de la bibliothèque à l’époque moderne

Il reste difficile de connaître le contenu exact de la bibliothèque du Mont Saint-Michel# au Moyen Âge, aucun catalogue médiéval n’étant parvenu jusqu’à nous. Seuls les manuscrits conservés nous permettent de nous faire une idée, assez approximative, de la richesse exceptionnelle de ce fonds.

Entre 1558 et 1622, quelques manuscrits montois contenant des œuvres d’auteurs classiques latins et des ouvrages historiques ont éveillé l’intérêt des érudits. Plusieurs de ces livres ont intégré les bibliothèques de collectionneurs et de savants à cette époque10.

Le contenu de la bibliothèque moderne est mieux connu après la fin du XVIe siècle11. Les moines mauristes nous ont en effet laissé plusieurs inventaires et catalogues, décrivant avec précision, et souvent de manière complémentaire, les manuscrits présents dans la bibliothèque montoise entre 1639 et 173912. Ces listes descriptives signalent l’existence de près de 300 volumes manuscrits dans la bibliothèque mauriste, lesquels sont, pour la plupart, restés sur place durant le XVIIe et le XVIIIe siècle13. Ainsi, à la veille de la saisie des livres du monastère lors de la Révolution française, la présence de 290 manuscrits dans la bibliothèque mauriste du Mont Saint-Michel# est attestée en février 179014. L’inventaire du dépôt littéraire d’Avranches# – où fut transportée la bibliothèque montoise en décembre 179115 – dressé par Pierre François Pinot-Cocherie# (1752-1816)16, Jean Louis André Bournhonet# (1756-1835) et un continuateur anonyme entre juin 1794 et avril 1796, recense 264 manuscrits médiévaux montois en 179517. Plusieurs catalogues de la Bibliothèque municipale d’Avranches, composés entre 1821 et 1889, permettent de mesurer et de dater avec une certaine précision les pertes subies par le fonds depuis la Révolution. De 1821 à nos jours, nous observons une très grande stabilité du fonds, puisque 199 à 200 manuscrits médiévaux montois sont restés en permanence dans les collections de la bibliothèque municipale d’Avranches depuis deux cents ans18.

En trente ans, de 1791 à 1821, environ 90 manuscrits ont donc disparu, soit près d’un tiers du total inventorié en 1790. Il s’agit incontestablement de la période la plus critique dans l’histoire de la conservation de ce fonds. Elle se situe entre le départ des livres de l’île fortifiée du Mont Saint-Michel# et l’organisation de la bibliothèque municipale d’Avranches# en 182019. Si l’on se concentre exclusivement sur cette période, on constate que 26 manuscrits ont été perdus entre 1791 et 1795, sans doute au cours de deux événements propices à la destruction ou à la dispersion des livres : d’une part lors de leur transfert du Mont Saint-Michel à Avranches dans des tonneaux le 22 décembre 1791 (toutefois aucun témoin contemporain ne relate l’existence de vols à cette occasion) ; d’autre part, et surtout, lors de l’occupation de la ville d’Avranches par l’armée catholique et royale vendéenne entre le 7 et le 12 novembre 1793. De nombreux vols et d’importantes dégradations ont en effet été signalés à cette époque20.

Soixante-quatre autres manuscrits ont disparu entre 1795 et 1821 : il faut sans doute cette fois majoritairement placer ces disparitions après la fermeture de l’école centrale d’Avranches (1796-1803)21, qui avait hérité d’ouvrages du dépôt littéraire d’Avranches# pour la constitution de sa bibliothèque. Le 25 janvier 1804, lors de la démission, à l’âge de 75 ans, de Julien Cerisier# (1729-1809), bibliothécaire de cette école, celui-ci demanda au préfet que son bibliothécaire-adjoint, Julien Lesplu-Dupré# (1766-1838), prenne la direction de la bibliothèque de l’école secondaire (cette dernière avait remplacé l’école centrale d’Avranches et prit plus tard, en 1811, le nom de collège municipal d’Avranches). Lesplu-Dupré, qui était également professeur dans cette école, a en outre œuvré personnellement à la restauration du grand séminaire de Coutances# en 181022. Or plusieurs livres imprimés du Mont Saint-Michel, encore décrits dans l’inventaire révolutionnaire de 1795 et qui appartenaient alors à la bibliothèque du collège municipal d’Avranches, dont Lesplu-Dupré avait la charge, ont été transférés dans le fonds de la bibliothèque du grand séminaire de Coutances entre 1810 et 1815. Lesplu-Dupré pourrait donc être à l’origine de ces transferts de livres. Nous retrouvons en effet aujourd’hui certains d’entre eux dans le fonds ancien de la bibliothèque diocésaine de Coutances, qui a recueilli le fonds du grand séminaire de Coutances à sa fermeture en 1971.

Si d’importants vestiges de l’ancienne bibliothèque du Mont sont aujourd’hui conservés, les archives de l’abbaye furent pour une grande part détruites en 1944 lors des bombardements de la ville de Saint-Lô# et des Archives départementales de la Manche. Nous pouvons imaginer que certains choix liturgiques de la communauté étaient mentionnés dans les statuts capitulaires, disparus. Les pièces d’archives toujours existantes, dispersées entre plusieurs institutions, ont été inventoriées par Michel Nortier, Henry Decaëns, Marie Bisson et Richard Allen23.

La destinée des manuscrits liturgiques après le XVIIe siècle

Les moines mauristes inscrivirent les cotes de dom Le Michel# et de dom Montfaucon# sur leurs manuscrits et en outre, sur certains d’entre eux, l’ex-libris de l’abbaye. Autant de traces qui attestent la présence de plusieurs manuscrits liturgiques dans la bibliothèque du Mont Saint-Michel# à l’époque moderne et qui permettent d’établir une liste des livres liturgiques disparus – que nous compléterons plus loin grâce aux indications de l’inventaire révolutionnaire de Pinot-Cocherie#. Le tableau suivant (cf. tableau 1) propose une équivalence de la cote actuelle des manuscrits présentés dans ce catalogue avec d’une part les cotes présentées dans les inventaires mauristes et d’autre part le numéro d’inventaire révolutionnaire. Lorsque la cote des inventaires, perdue lors des campagnes de reliure successives réalisées entre le milieu du XVIIe siècle et aujourd’hui, ne figure plus sur le manuscrit, nous signalons entre crochets la cote qui nous semble la plus probable, dans les deuxième et troisième colonnes. Les identifications proposées des numéros de l’inventaire de Pinot-Cocherie, qui ne sont jamais reportés sur les livres, sont également données entre crochets, dans la quatrième colonne. Les notices du catalogue présentent l’ensemble des cotes anciennes des manuscrits, que nous ne reproduisons pas toutes dans ce tableau.

Les sources liturgiques du Mont Saint-Michel

Les manuscrits

Le corpus des manuscrits liturgiques à l’usage du Mont Saint-Michel24 est constitué de livres de la messe (sacramentaire, missel, évangéliaire-nocturnal*), de livres de l’office (bréviaires, collectaire, lectionnaires de l’office, homiliaires, martyrologe, évangéliaire-nocturnal) et de livres des rites (ordinaires, cérémonial) (cf. tableau 7)25. Certains de ces manuscrits rassemblent plusieurs livres liturgiques : ainsi, le manuscrit Avranches, Bibl. patr., 214# contient un martyrologe, un homiliaire et un cérémonial# ainsi que d’autres textes non liturgiques.

Parmi les livres de la messe, le sacramentaire# donne uniquement les oraisons des féries et des fêtes ainsi que des bénédictions#. Le missel#, qui dérive du sacramentaire, présente à la fois les oraisons, les chants et les lectures. Parmi les livres de l’office, les homiliaires# (utilisés pour le troisième nocturne) et les lectionnaires# de l’office, livres communautaires, donnent les lectures de matines, parfois suivies de leur répons. Le collectaire# Avranches, Bibl. patr., ms 215# livre les oraisons et les capitules des heures du jour (à partir des laudes). Le martyrologe#, utilisé durant l’office du chapitre, après l’office de prime, fait mémoire des saints dans l’ordre de l’année, qu’ils soient ou non fêtés dans la liturgie : le manuscrit Avranches, Bibl. patr., 214# contient également un homiliaire utilisé au cours de l’office du chapitre. Enfin, les bréviaires#, livres personnels, présentent toutes les pièces de l’office. Le bréviaire Avranches, Bibl. patr., ms 39# est un « bréviaire d’hiver », commençant par l’Avent et se terminant, dans son temporal, par le Samedi saint. Le bréviaire BnF, ms NAL 424# est soit un « bréviaire d’été », introduit par le Jeudi saint# mais souffrant de lacunes, soit un bréviaire complet mutilé dont seule la partie d’été subsisterait. Le manuscrit Avranches, Bibl. patr., ms 44# est un évangéliaire-nocturnal##dans lequel sont copiés l’évangile et la collecte de l’office des matines ainsi que, pour certaines fêtes, l’évangile de la messe lorsque celui-ci est différent de l’évangile lu pendant les matines.

Le groupe des livres des rites du Mont Saint-Michel est composé d’un cérémonial# et de deux ordinaires#. Le cérémonial décrit par des règles générales diverses cérémonies : la liturgie des fêtes à trois leçons et des fêtes à douze leçons, les circonstances de la célébration des offices votifs, les actions de l’abbé et du chantre* ou encore le déroulement de l’office des morts#. Les ordinaires présentent de manière détaillée l’ordo de chaque férie et de chaque fête du temporal et du sanctoral, en suivant l’ordre de l’année – indiquant l’incipit des chants, des oraisons et des lectures, ou l’itinéraire des processions… Le cérémonial et les ordinaires présentent également des pratiques non cultuelles, donnant ainsi la composition des repas des fêtes à douze leçons.

Certains manuscrits mêlent temporal et sanctoral, quand d’autres les séparent nettement. Il est cependant habituel, même dans ce dernier cas, de retrouver dans le temporal les fêtes d’Étienne# (26 déc.), de Jean# (27 déc.), des Saints-Innocents# (28 déc.), de Thomas Becket# (29 déc.) et de Sylvestre# (31 déc.). Plusieurs manuscrits comprennent également une partie consacrée au commun des saints#*, dans lequel on relevait les pièces des fêtes ne possédant pas d’office ou de messe complets. Le commun est organisé en catégories de saints : apôtres, confesseurs*…

Les livres liturgiques de notre corpus contiennent des documents et des textes d’une grande valeur historique, mentionnés dans l’index des noms et matières : office des morts, petit office de la Vierge*… Huit manuscrits sont précédés d’un calendrier#, présentant les fêtes du temporal et du sanctoral de chaque mois avec leur degré de solennité ainsi que des indications ayant trait à l’astrologie ou aux saisons (cf. pl. I : mois de juin). Dans certains cas, la couleur des encres (bleues, rouges et noires, ou uniquement rouges et noires) est utilisée pour distinguer les fêtes selon leur importance. On comparera avec profit les calendriers du Mont avec le calendrier d’un missel# à l’usage de Saint-Michel en Tarentaise, prieuré du Mont Saint-Michel avant 1140 (Genève, Bibliothèque de Genève, ms lat. 28, ff. 1r-8r#)26. Ce manuscrit a été copié à la fin du XIe siècle ou au début du XIIe siècle. Comme l’a observé François Huot, le calendrier de ce missel « est celui du Mont Saint-Michel »27. Signalons également la présence dans les bréviaires# et le collectaire# montois de cinq rédactions successives des litanies#* du Mont Saint-Michel, datées des XIIIe (cf. pl. II), XIVe et XVe siècles28. Une étude approfondie des litanies et des calendriers du Mont Saint-Michel est actuellement menée par les auteurs29.

Certains manuscrits et fragments liturgiques décrits dans ce catalogue sont pourvus d’une notation musicale, neumatique30 ou carrée sur quatre lignes31 : nous faisons référence au sein du catalogue aux notices du Catalogue des manuscrits notés du Moyen-Âge32.

Les sources secondaires

Nous ajoutons à la liste des manuscrits liturgiques la mention de sources secondaires :

  1. Le coutumier#* montois, daté de 1258, qui évoque en particulier le rôle du chantre dans la liturgie et dans la vie conventuelle (Avranches, Bibl. patr., ms 214#, p. 1-16)33.
  2. Douze fragments de six manuscrits liturgiques, provenant : (1) d’un missel# daté du XIe siècle (Avranches, Bibl. patr., ms 73#, ff. 1r-2v ; ms 86#, ff. 1r-2v : cf. pl. III)34, (2) d’un bréviaire-missel#* copié au même siècle (Avranches, Bibl. patr., ms 163#, ff. 100r-101v), (3) d’un calendrier# du XVe siècle comportant plusieurs fêtes du sanctoral montois (Avranches, Bibl. patr., ms 162#, ff. 80r-81v), (4) d’un premier bréviaire# noté* du XVe siècle sous la forme de deux minces bandes de parchemin (Avranches, Bibl. patr., ms 213#, np 7-10)35, et (5) d’un second bréviaire noté de même époque (Avranches, Bibl. patr., ms 215#, ff. 176r-177v : cf. pl. IV). Si la brièveté de leur texte ne permet pas d’en déterminer l’origine avec certitude, nous savons que ces fragments furent conservés dans l’ancienne bibliothèque du Mont Saint-Michel#, nous laissant penser qu’ils furent peut-être connus ou utilisés par la communauté au Moyen Âge. Nous signalons également quatre feuillets entiers ainsi que deux bandes de parchemin issues d’un cinquième feuillet découpé, provenant (6) d’un même évangéliaire#, daté du VIIIe siècle et copié par un scribe anglo-saxon sans doute actif dans la région de Cantorbéry#. Ce livre liturgique fut transporté au Mont Saint-Michel# à l’époque médiévale, puis démembré lors d’une campagne de reliure entreprise sous l’abbé Robert de Torigni# (1154-1186), afin de servir de pages de garde et pour renforcer des entre-nerfs (Avranches, Bibl. patr., ms 48#, ff. I-VI ; Avranches, Bibl. patr., ms 66#, ff. I-II ; Avranches, Bibl. patr., ms 71#, ff. I-II. Saint-Pétersbourg, Bibliothèque nationale de Russie, ms lat. O.v.I.1, ff. I-II#)36.
  3. Un grand nombre d’oraisons37 et de prières38, ainsi que des offices votifs dédiés à la Trinité#, à la Vierge Marie# et aux anges#39, des leçons pour l’office des matines40, une mémoire de saint Michel (f. 243v) et un chant de typologie inconnue (f. 257r : « Domine Dominus noster quam admirabile est nomen tuum in uniuersa… » #), copiés dans le manuscrit Avranches, Bibl. patr., 213#. Ce recueil de textes consacrés aux anges et en particulier à saint Michel a pour titre : « Libellus de angelis et hominibus quantum ad eorum gaudia vel supplicia aliqua de beato Michaele archangelo interserendo » (f. 1r). Philippe Faure le décrit comme un « ensemble d’oraisons, d’exposés théologiques et de récits de miracle qui furent regroupés à partir du début du XVe siècle, sous l’impulsion de l’abbé Pierre Le Roy# († 1410) »41.
  4. Un office de saint Berthevin# ajouté au XIVe ou au XVe siècle au légendier# Avranches, Bibl. patr., ms 167#. Les ff. 200r-202r comportent des lectures de matines, une hymne et une prose42. Au f. 202r, une rubrique* « Ad vesperas » précède l’antienne du Magnificat#, un versicule et une oraison ; et une rubrique « Ad matutinas » introduit une antienne invitatoire. Il semble peu probable que cet office ait été prié au Mont# car l’ordinaire# Avranches, Bibl. patr., ms 216# prescrit, le 11 juillet (f. 138r), uniquement la récitation d’une mémoire de saint Berthevin, après les laudes et après les vêpres de la fête de la Translation de saint Benoît#. Cependant, l’oraison de la mémoire mentionnée par un incipit dans l’ordinaire (« Deus pro cuius amore… » #), ainsi que dans le collectaire# Avranches, Bibl. patr., ms 215# (f. 109r) et dans le bréviaire# BnF, ms NAL 424# (f. 332r, « Memoria de sancto Bertiuino » – ajout de seconde main), est identique à l’oraison transcrite dans le légendier : s’ils n’utilisèrent pas ce document pour leur pratique liturgique, les moines du Mont y relevèrent peut-être ainsi l’oraison.
  5. Un office de saint Marcellin# (ff. 6v-9v)43, pape et martyr (26 avr.), et la messe de la Conception de la Vierge# (ff. 26r-26v)44 copiés dans un recueil de vies de saints et de miracles de la Vierge (Vatican, Bibliothèque apostolique, ms lat. 9668#). Le manuscrit a été entièrement copié au Mont Saint-Michel# selon l’analyse de François Avril45, ou seulement en partie selon J.J.G. Alexander46, mais il se trouvait dans l’abbaye à la fin du XIVe siècle selon les deux auteurs : il est ainsi très probable que les moines du Mont eurent connaissance de cet office et de cette messe, qu’ils en furent ou non les auteurs47. Les oraisons de la messe de la Conception relevées dans le manuscrit du Vatican sont identiques à celles copiées de seconde main, au XIIe siècle, dans la partie du sacramentaire# montois conservée à Rouen# (Rouen, Bibliothèque patrimoniale Villon, ms mm 15 (suppl. CGM 116) #, f. 44r). Les chants de l’office de saint Marcellin sont accompagnés de neumes.
  6. Des lectures, des oraisons et des prières, principalement dédiées à la Vierge Marie, contenues dans des recueils montois de vies de saints : ainsi, deux prières à la Vierge (Avranches, Bibl. patr., ms 29#, f. 98v)48, la copie d’un lectionnaire# (Avranches, Bibl. patr., ms 29#, ff. 105v-106v), trois leçons et répons d’un office marial (Avranches, Bibl. patr., ms 101#, f. 112r), une oraison à la Trinité (Avranches, Bibl. patr., ms 211#, f. 66v)49.
  7. Une prose à saint Aubert#, conservée dans un recueil composite cité plus haut, mis aux enchères à Alençon en 2018 mais retiré de la vente à la demande de l’État, et propriété d’une collection privée.
  8. Des textes de dévotion reproduits dans le manuscrit Avranches, Bibl. patr., 212#. Il s’agit principalement de trois prières en ancien français50.
  9. Des pièces liturgiques notées, copiées de manière isolée dans les marges de manuscrits montois qui n’étaient pas destinés à la liturgie, ainsi : Avranches, Bibl. patr., ms 32# : f. 232v (antienne), f. 236r (verset alléluiatique), f. 260v (antienne), f. 262v (antienne), f. 266v (deux antiennes), f. 267v (typologie inconnue). Avranches, Bibl. patr., ms 3851#, f. 2r (répons). Avranches, Bibl. patr., ms 9852#, f. 228v (hymne à saint Michel – notation alphabétique a-p et notation neumatique). Avranches, Bibl. patr., ms 10953#, f. 76v (deux antiennes à saint Michel – notation neumatique et notation alphabétique a-p. Cf. pl. III), f. 99r (typologie inconnue), f. 211v (typologie inconnue). Signalons également une antienne notée isolée, dédiée à saint Nicolas, copiée dans l’homiliaire# Avranches, Bibl. patr., ms 12954# (f. 113r).
  10. Des récits de miracles composés vers 1070-1095 et copiés dans les manuscrits Avranches, Bibl. patr., ms 211# (ff. 20r-22v, ff. 31v-42v), ms 212# (ff. 10v-17v, ff. 18v-27r) et ms 213# (ff. 138r-143v, ff. 146r-148v)55. Ces textes hagiographiques livrent en particulier des informations sur le rôle des officiers et sur les reliques possédées par l’abbaye.
  11. Des œuvres historiques rédigées par des religieux de la congrégation de Saint-Maur au XVIIe et au XVIIIsiècle, qui utilisent des sources médiévales pour certaines perdues. Citons en particulier les écrits de dom Thomas Le Roy# sur l’histoire du Mont Saint-Michel, étudiés et édités par Marie Bisson, qui mentionnent par exemple à plusieurs reprises des reliques56.
  12. Une inscription évoquant un objet liturgique, relevée par Jules Corblet : un « chalumeau d’argent, propriété de l’abbé du Mont Saint-Michel, Suppon#, qui le légua en 1040 à son monastère »57.

Corpus et méthodologie du catalogue

Le catalogue présente les notices de trois bréviaires, d’un missel, d’un sacramentaire séparé en deux parties, de cinq homiliaires, de deux lectionnaires de l’office, d’un évangéliaire-nocturnal, d’un collectaire, de deux ordinaires et d’un cérémonial-martyrologe-homiliaire. Nous avons exclu de ce catalogue deux manuscrits de la Bibliothèque patrimoniale d’Avranches# : d’une part, le manuscrit 43#, missel dont la liste des versets alléluiatiques des dimanches suivant la Pentecôte dépend de l’usage de Rennes et non de celui du Mont Saint-Michel58. La provenance de ce manuscrit n’était d’ailleurs probablement pas montoise, puisque son train de reliure, datant de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, ne correspond pas à celui adopté par les moines mauristes du Mont Saint-Michel au milieu du XVIIe siècle59. D’autre part, le manuscrit 41#, sacramentaire# qui, malgré sa présence au Mont60, suit l’usage de l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire (Fleury)# et non celui des moines du Mont Saint-Michel61.

L’usage montois des manuscrits de ce corpus a généralement été identifié grâce à la présence, dans leur calendrier# et dans leur sanctoral, de la fête de saint Aubert# (18 juin), fondateur du sanctuaire, de la fête de la dédicace de l’église abbatiale# (16 oct.), de la mention répétée de suffrages# à saint Michel, de la présence dans les litanies# d’invocations* doublées à saint Aubert et à saint Michel, et grâce à la mention dans le texte du cérémonial# et des ordinaires# de reliques (de saint Aubert en particulier) et de lieux bien identifiés dans l’espace monastique. Le Mont Saint-Michel ne possède pas de listes de répons prolixes de l’office des morts#, de répons prolixes des dimanches de l’Avent et de versets alléluiatiques des dimanches suivant la Pentecôte qui lui soient propres, les séries relevées dans les manuscrits montois étant identiques aux listes d’un groupe d’abbayes anglo-normandes liées à l’abbaye Saint-Bénigne# de Dijon et aux réformes de Guillaume de Volpiano# et de ses disciples*, comme nous le verrons plus loin (cf. « Histoire de la liturgie du Mont Saint-Michel »). En revanche, le bréviaire# BnF, ms NAL 424# présente un petit office de la Vierge# (ff. 332r-334v) qui est, selon les comparaisons que nous pouvons réaliser à partir des relevés de Victor Leroquais, propre au Mont62 : l’examen de cet office votif peut être complété par l’étude d’un office de la Vierge composé pour le temps de l’Avent#, copié dans le bréviaire Avranches, Bibl. patr., ms 39# (ff. 21v-22r).

Nous présentons également dans ce catalogue des fragments de manuscrits liturgiques, cités plus haut parmi les sources secondaires – paragraphe (b) – et, pour des fragments longs de missel, de bréviaire-missel et de calendrier, dans la deuxième partie : « Notices des fragments ».

Histoire de la liturgie du Mont Saint-Michel

Historiographie de la liturgie du Mont Saint-Michel

Un état de la recherche

En 1967, un an après la fin des célébrations commémorant les mille ans de l’installation d’une communauté de bénédictins au Mont Saint-Michel#, étaient publiées dans le premier volume du Millénaire monastique du Mont Saint-Michel (Histoire et vie monastique, dir. Jean Laporte) neuf études consacrées à l’usage liturgique du Mont Saint-Michel, à son développement et à ses origines63. Ce corpus historiographique forme, par son traitement détaillé de très nombreux aspects de la liturgie montoise (remaniements successifs du calendrier#, cadre et acteurs de la liturgie, filiation du chant de l’abbaye avec le chant d’autres établissements…), la première approche globale de cette liturgie locale. L’étude du culte liturgique de saint Michel avait été préparée par la publication de deux articles, en 1962 et 1963, de Joseph Lemarié, qui utilise comme sources montoises principales les bréviaires# Avranches, Bibl. patr., ms 39# et BnF, ms NAL 42464#. Auparavant, l’activité du chantre au Mont Saint-Michel avait été étudiée dès 1915-1916 par Léon Guilloreau dans un article consacré au coutumier# Avranches, Bibl. patr., ms 21465#. Les premiers fruits de la publication des actes du Millénaire monastique apparurent dès 1968, avec la présentation d’une étude des manuscrits hagiographiques conservés à Avranches# – parmi lesquels figurent les lectionnaires# Avranches, Bibl. patr., ms 168# et ms 211# – de Joseph Van der Straeten66 ; et la publication d’un article de Thomas Delforge qui faisait connaître à la communauté scientifique un bréviaire# manuscrit du Mont Saint-Michel jusqu’alors inconnu, conservé dans la bibliothèque de l’abbaye de Maredsous#67.

Au cours des décennies suivantes, plusieurs études complémentaires ont été consacrées à des manuscrits du Mont Saint-Michel (l’évangéliaire-nocturnal##Avranches, Bibl. patr., ms 4468#, le lectionnaire# de l’office Avranches, Bibl. patr., ms 211#69 et les ordinaires# Avranches, Bibl. patr., ms 46# et ms 21670#), à certaines pratiques liturgiques et musicales de l’abbaye (drame liturgique de Pâques71#, notation musicale des chants72, trésor des reliques73) ou à la dévotion des pèlerins marchant vers le sanctuaire74.

Plusieurs travaux plus généraux ont permis de replacer la liturgie montoise dans un réseau d’échanges liturgiques, par l’examen des chants de l’office75, des versets alléluiatiques de la messe76 ainsi que des ordinaires77#. Cette problématique avait déjà retenu l’attention de plusieurs auteurs du Millénaire monastique, en particulier Joseph Lemarié, Raymond Le Roux, Michel Robert et Henri Tardif.

Origines de l’ordo liturgique du Mont Saint-Michel

À partir de quels modèles les moines bénédictins du Mont Saint-Michel# ont-ils construit leur cursus liturgique* après leur installation dans le sanctuaire normand au Xe siècle ? Les premiers travaux consacrés à cette question, présentés en 1967 dans le premier volume du Millénaire monastique, mettent en évidence la proximité de l’ordo de l’abbaye, dans la composition de son cérémonial78, dans la notation des chants de la messe79 et dans le choix des antiennes, des psaumes et des répons du temps de Noël#80, avec la liturgie de l’abbaye Saint-Bénigne# de Dijon, réformée par Guillaume de Volpiano#, et la liturgie d’abbayes anglo-normandes liées à Saint-Bénigne. D’autres indices (la célébration au Mont de la fête de saint Bénigne# et la présence, dans des manuscrits provenant de l’abbaye, de chants pourvus de la notation alphabétique a-p, associée par plusieurs historiens à l’abbaye Saint-Bénigne81), ainsi que des études majeures publiées depuis les années 1970 que nous citons plus bas, étayent l’hypothèse d’une dépendance de la liturgie montoise à un réseau volpianien et à un sous-réseau anglo-normand, qu’explique en grande partie l’existence de liens de confraternité* entre les établissements composant ces réseaux. Cependant, l’évolution au cours des siècles de tels liens de confraternité entre le Mont Saint-Michel# et d’autres maisons (Fleury#, Redon#, Fécamp#…), reconstitués par l’étude des sources, nous laisse penser que l’office du Mont Saint-Michel et son sanctoral témoignent de plusieurs apports extérieurs successifs, dont le réseau volpianien ne serait pas la seule origine, et d’un phénomène d’adaptation locale d’usages étrangers. La disparition des livres liturgiques des chanoines qui ont précédé les moines dans le sanctuaire, et des manuscrits liturgiques de plusieurs abbayes du réseau de confraternité* montois nous empêche de répondre avec exactitude à cette question ; nous exposons à présent l’état des connaissances sur le réseau d’échanges liturgiques dans lequel s’inscrivit au Moyen Âge le Mont Saint-Michel#.

Dès le IXe siècle, et malgré la création d’ordres monastiques aux XIIe, XIIIe et XIVe siècles, les communautés bénédictines indépendantes ont eu tendance à s’associer par la prière, ce qui aboutit à la formation de réseaux de confraternité. Chaque association* n’engageait que les deux parties concernées et chaque abbaye se retrouvait ainsi au centre de son propre réseau (constitution de réseaux en étoile). À titre d’exemple, ce n’est pas parce que l’abbaye du Mont Saint-Michel# est étroitement associée aux abbayes de La Trinité de Fécamp# et de Saint-Sauveur de Redon# que ces deux derniers monastères devaient être spirituellement associés entre eux (ce ne fut d’ailleurs pas le cas). Les réseaux de confraternité ont favorisé la circulation des moines et de leurs livres, si bien que connaître la structure et l’évolution de ces réseaux au cours du Moyen Âge est essentiel pour appréhender la vie spirituelle, intellectuelle et artistique de ces communautés religieuses, et pour évaluer leurs influences mutuelles.

Dans le cas du Mont Saint-Michel#, la documentation nécrologique* et confraternelle* est bien conservée82. Il est donc possible de suivre assez précisément l’évolution de son réseau de confraternité depuis l’installation des moines bénédictins au Mont en 965 / 6 jusqu’au XVe siècle. À partir de cette époque, les associations spirituelles ont eu tendance à tomber en désuétude du fait du passage des abbayes sous le régime de la commende. Elles semblent disparaître progressivement, puis définitivement à la suite du Concile de Trente (fin du XVIe et première moitié du XVIIe siècle), les abbayes indépendantes étant, sinon contraintes, du moins fortement incitées à se regrouper et à se structurer en congrégations religieuses, ce qu’elles font majoritairement à partir du début du XVIIe siècle83.

Entre la fin du Xe siècle et le début du XIe siècle au Mont Saint-Michel#, sous les abbatiats de Mainard Ier#(v. 965-991) et de Mainard II# (991-1009), l’abbaye est déjà associée à plusieurs communautés religieuses importantes, localisées dans la Vallée de la Loire (Saint-Benoît-sur-Loire (Fleury)#, Marmoutier# et Saint-Julien de Tours#), en Normandie (Saint-Wandrille#, Jumièges#, Saint-Taurin d’Évreux# et Saint-Ouen de Rouen#), ainsi que dans le Maine (Saint-Vincent# et Saint-Pierre-de-la-Couture# du Mans), en Bretagne (Saint-Sauveur de Redon#), en Île-de-France (Saint-Germain-des-Prés#) et en Flandre (Saint-Bavon de Gand#)84. Au cours du siècle suivant, des liens spirituels seront également créés avec plusieurs autres abbayes, dont Saint-Aubin d’Angers#, Saint-Melaine de Rennes#, Notre-Dame d’Évron#, Notre-Dame du Bec#, Saint-Étienne de Caen#, Saint-Jacut-de-la-Mer# ou encore Saint-Méen-de-Gaël#85.

À partir de l’abbatiat d’Hildebert Ier# (1009-v. 1017), qui fut semble-t-il un proche collaborateur de Guillaume de Volpiano#, le réseau de confraternité du monastère s’élargit considérablement en intégrant le « réseau spirituel volpianien », un ensemble d’établissements monastiques touchés par les réformes de Guillaume de Volpiano, de ses disciples et de leurs collaborateurs. En plus des établissements précédemment cités, le Mont Saint-Michel# est désormais aussi associé aux abbayes de La Trinité de Fécamp#, Saint-Bénigne de Dijon#, Saint-Gorgon de Gorze#, Saint-Arnoul de Metz#, Saint-Èvre de Toul#, Saint-Faron de Meaux#, Saint-Michel de Tonnerre#, Saint-Pierre de Bèze#, Saint-Vivant de Vergy# et Fruttuaria#86. Plusieurs disciples de Guillaume de Volpiano, formés à Saint-Bénigne de Dijon, à La Trinité de Fécamp et à Fruttuaria, deviennent d’ailleurs abbés du Mont Saint-Michel des années 1020 aux années 1050 : Thierry# (1023-1027), Suppon# (1033-v. 1048) et Raoul de Beaumont# (v. 1048-1058). Ces associations spirituelles expliquent pourquoi le cursus liturgique hérité de Saint-Bénigne de Dijon# et de La Trinité de Fécamp# a été mis en place au Mont Saint-Michel, tout en étant adapté à l’usage local préexistant87.

Après la conquête de l’Angleterre en 1066 par Guillaume le Conquérant#, et surtout à partir des années 1070, des liens sont créés avec plusieurs établissements anglais : Saint-Pierre de Cerne#, Saint-Pierre de Hyde#, Saint-Augustin de Cantorbéry#, Saint-Pierre de Gloucester#, Saint-Pierre de Peterborough#, Notre-Dame d’Abington, Notre-Dame de Glastonbury#, Notre-Dame de Milton# ou encore Saint-Barthélemy de Crowland#. Plusieurs moines du Mont Saint-Michel ont même dirigé certains de ces établissements88.

Entre la fin du XIIe siècle et le XIIIe siècle, les moines du Mont Saint-Michel entretiennent des liens privilégiés avec des monastères situés en Normandie (La Trinité de Fécamp#, Saint-Étienne de Caen#, Notre-Dame du Bec#, Saint-Pierre de Jumièges#, Saint-Wandrille# et Saint-Sauveur-le-Vicomte#), en Bretagne (Saint-Sauveur de Redon# et Saint-Melaine de Rennes#) et dans le Maine (Notre-Dame d’Évron# et la Couture du Mans#), ainsi qu’avec Saint-Bavon de Gand# en Flandre, Saint-Bénigne de Dijon# en Bourgogne et Marmoutier# en Anjou. Nous trouvons en effet des moines associés provenant de ces différentes abbayes dans le nécrologe#* copié entre 1207 et 122089.

À partir du XIIIe siècle, les commémorations individuelles de moines associés sont progressivement remplacées par une commémoration collective annuelle célébrée à une date fixe pour l’ensemble de la communauté associée, en particulier pour les monastères géographiquement éloignés. Des commémorations collectives annuelles sont d’abord ajoutées dans le nécrologe# montois pour les abbayes Saint-Pierre de Gloucester# (3 mars), Saint-Jean-Baptiste de Colchester# (29 mars), Saint-Jouin de Marnes# (1er juin), Saint-Bénigne de Dijon# (5 juin), Saint-Pierre de Bath# (16 juin) et Saint-Médard de Soissons# (5 juillet)90, puis cette tendance finira par s’imposer à l’ensemble des communautés associées.

À partir des informations recueillies grâce à la documentation nécrologique et confraternelle de l’abbaye du Mont Saint-Michel# et de ses monastères associés, il est possible de représenter le réseau de confraternité médiéval de l’abbaye du Mont Saint-Michel de la manière suivante91 :

Les liens de confraternité tissés par l’abbaye du Mont Saint-Michel# à partir du Xe siècle avec un grand nombre d’abbayes coïncident en partie avec des réseaux d’échanges liturgiques mis en évidence au cours du XXe siècle par plusieurs auteurs, qui mettent en relation le Mont Saint-Michel avec Saint-Bénigne# de Dijon et des abbayes concernées par la réforme de Guillaume de Volpiano#. Ce réseau d’échanges a été révélé par l’analyse de plusieurs séries de pièces : répons prolixes de l’office et versets alléluiatiques de la messe dont le choix ainsi que la position dans la série sont caractéristiques d’usages ou de groupes d’usages. En 1975, dom René-Jean Hesbert présenta dans le Corpus Antiphonalium Officii des groupes d’usages formés à l’étude des quarante-huit répons prolixes des quatre dimanches de l’Avent : l’examen du bréviaire# Avranches, Bibl. patr., ms 39# (cf. tableau 8) le conduit à inclure le Mont Saint-Michel dans le groupe dit de « Saint-Bénigne », dont il pense que l’abbaye de Dijon constitue la tête ; figurent également dans ce groupe les abbayes de Conches#, Evesham#, Fécamp#, Jumièges#, San Martino delle Scale#, Saint-Bénigne#, Saint-Évroult#, Saint-Germain-des-Prés#, Saint-Jacut-de-la-Mer#, Saint-Méen#, Troarn# et Winchcombe#92. Notons une variante montoise dans le choix du cinquième répons du premier dimanche# de l’Avent par rapport à la liste de référence du groupe II ou groupe de Saint-Bénigne établie par dom Hesbert. En 1980, David Hiley, se fondant sur la méthode développée par Gabriel Beyssac pour l’identification des missels#, étudie des listes de versets alléluiatiques des vingt-cinq dimanches suivant la Pentecôte : il avança l’hypothèse que la série partagée par les abbayes anglo-normandes du Mont Saint-Michel# (cf. tableau 10), de Fécamp#, Jumièges#, Saint-Évroult#, Westminster# et Abingdon# a pour origine deux listes successives de Saint-Bénigne# de Dijon, dont elle donnerait les versets dans un ordre sensiblement différent93. En 1993, Knud Ottosen présenta ses travaux sur les neuf répons prolixes de l’office des morts#, dans lesquels il rapproche le groupe dit « 90-32-57 » (dont le nom évoque les quatrième, cinquième et sixième répons de l’office) de l’abbaye de Cluny# et de la réforme de Guillaume de Volpiano#. La série du Mont Saint-Michel (cf. tableau 9) appartient à ce groupe, et s’avère identique aux variantes de deux témoins de Cluny et d’un sous-groupe constitué de nombreux usages européens parmi lesquels ceux de Saint-Bénigne de Dijon et d’abbayes anglo-normandes comme Jumièges#, Fécamp#, Troarn#, Saint-Ouen de Rouen#, Norwich#, Evesham# ou Winchcombe#94. En s’appuyant sur la circulation des moines et sur l’origine des abbés réformateurs95, une vue globale des résultats acquis lors de ces différents travaux a été récemment présentée dans le cadre d’une enquête plus large sur la circulation des livres et des textes liturgiques dans l’espace anglo-normand en contexte de fondation, de restauration et de réforme d’établissements religieux du Xe au XIIe siècles96.

Malgré la filiation liturgique du Mont Saint-Michel# avec Saint-Bénigne#, nous constatons, dans les différences liturgiques qui distinguent le cursus et le cérémonial de ces deux usages, un phénomène d’adaptation de la réforme de Guillaume de Volpiano# à des coutumes locales.

Le sanctoral du Mont Saint-Michel

Le sanctoral du Mont Saint-Michel a été constitué à partir de plusieurs fonds97. La majorité de ses fêtes proviennent du sacramentaire# grégorien ainsi que du sacramentaire gélasien, et d’ajouts tardifs à ces fonds de fêtes communs à de très nombreux usages. Nous discernons également l’existence d’un fonds issu de la province ecclésiastique de Rouen, composé des fêtes des saints Laumer#, abbé de Corbion# (19 janv.), Honorine#, martyre* (27 févr.), Aubert#, évêque d’Avranches# (18 juin), Leufroy#, abbé dans le diocèse d’Évreux (21 juin), Berthevin#, martyr (11 juill.), Wandrille#, abbé de Fontenelle# (22 juill.), Taurin#, évêque d’Évreux# (11 août), Philibert#, abbé de Jumièges# (20 août), Ouen#, évêque de Rouen# (24 août), Paterne#, évêque d’Avranches# (23 sept.) et Romain#, évêque de Rouen# (23 oct.) – auxquelles nous pouvons ajouter la fête de la dédicace de l’église abbatiale du Mont Saint-Michel# (16 oct.), seule fête véritablement propre à l’abbaye. Remarquons la célébration de la fête de la Visitation de la Vierge Marie# le 1er avril, à la même date que dans le diocèse d’Avranches98.

Nous étudions dans le tableau suivant (cf. tableau 11) l’origine des fêtes du sanctoral montois, relevées dans les calendriers# de l’abbaye : les saints normands sont présentés en caractères gras. Les fêtes du Sacramentarium Gregorianum Hadrianum sont suivies de l’abréviation « Gr » ; elles sont suivies de l’abréviation « An » lorsqu’elles apparaissent dans le supplément d’Aniane99. Les fêtes du sacramentaire gélasien ont été relevées dans deux de ses témoins : dans le sacramentaire de Gellone (Paris, BnF, ms lat. 12048), et sont alors associées à l’abréviation « Ge »100, et dans le sacramentaire 348 de la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Gall, en utilisant l’abréviation « SG »101. Les fêtes ajoutées tardivement au fonds des fêtes universelles sont signalées par l’abréviation « Fc ».

Le sacramentaire# New York, Morgan Library and Museum, ms M.641#, copié au XIe siècle, présente plusieurs fêtes de saints absentes des calendriers du Mont Saint-Michel, postérieurs au XIIIe siècle : Geneviève#, vierge* (3 janvier), Hélène, impératrice (s.d. #en fév. et 18 août#), Vital#, martyr (14 févr.), Félicule#, martyre (14 févr.), Zénon#, martyr (14 févr.), Félicité#, martyre (7 mars), Perpétue#, martyre (7 mars), Juvenal#, évêque de Narni# (3 mai), Gangolf#, martyr (11 mai), Maïeul# de Cluny, abbé (11 mai), Nazaire#, martyr (28 juill.), Celse#, martyr (28 juill.), Magne#, évêque d’Anagni# et martyr (19 août), Sixte#, évêque de Soissons# et de Reims# (s.d. en sept.), Sinice#, évêque de Soissons# et de Reims# (s.d. en sept.), Nivard#, évêque de Reims# (s.d. en sept.), la translation de Germain#, évêque d’Auxerre# (1er oct.), Vaast#, évêque d’Arras# (1er oct.), Bavon#, ermite (1er oct.), Marcel#, martyr (s.d. en oct.), Pardulphe#, abbé (s.d. en oct.), Apulée#, martyr (s.d. en oct.), Césaire#, diacre et martyr (1er nov.), Colombe#, vierge et martyre (31 déc. ; fête donnée, de première main, dans le seul calendrier# du bréviaire# Maredsous, bibliothèque de l’abbaye, ms 16° / 1#, f. 6v), Basile#, évêque (31 déc.). Par ailleurs, ce sacramentaire fait précéder la fête de Benoît du 21 mars d’une vigile#, et donne à plusieurs fêtes des dates différentes de celles relevées dans les calendriers, plus tardifs : Euphémie de Chalcédoine# (13 avr.), Léger# (3 oct.), Melaine# (11 oct.), Ménas# (10 nov.), Malo# (14 nov.), Lucie de Syracuse# (12 déc.).

Plusieurs fêtes furent ajoutées de seconde main au cours du XVe siècle dans le calendrier# du bréviaire# Maredsous, bibliothèque de l’abbaye, ms 16° / 1#, sans doute héritées d’un autre usage ou des dévotions de son propriétaire : les fêtes de Thibaut#, évêque (14 mai), Claude#, évêque (6 juin), Aignan#, évêque (14 juin), des Dix mille martyrs# (23 juin), d’Hélène#, impératrice (18 août), Audomar#, évêque (9 sept.), des Onze mille vierges#, martyres (21 oct.) et de Theudère#, abbé (29 oct.). Ce document est le seul calendrier montois à donner, de première main, sans mention de leçons, la fête du pape Léon le Grand# en avril (9 avr. – à la place du 11 avr. ?). De même, le calendrier du collectaire# Avranches, Bibl. patr., ms 215# est le seul calendrier montois à prescrire la fête de Guillaume#, archevêque de Bourges# (10 janv.) ; en outre, nous ne trouvons mention de la fête de Guillaume Pinchon#, évêque de Saint-Brieuc#, que dans le calendrier du manuscrit Avranches, Bibl. patr., 214# (29 juill.). Enfin, un saint confesseur, Théobard ou Théobald#, n’apparaît que dans les calendriers des manuscrits Avranches, Bibl. patr., 214# et BnF, NAL 424# (1er juill.). Ces quatre calendriers ont été copiés aux XIVe et XVe siècles.

Organisation
Du catalogue

Les notices présentées dans ce catalogue sont réparties en deux sections : la première est consacrée aux manuscrits, et la seconde aux fragments. Au sein de ces sections, les manuscrits sont classés par ordre alphabétique de lieu de conservation et par ordre numérique de cote : à chaque notice sont associés un numéro d’ordre (manuscrits) ou une lettre (fragments).

Des notices

Au sein des notices, une première section présente les parties principales du manuscrit102 et les additions - et, sous le titre de ces parties, les fêtes majeures ou locales relevées dans le temporal, le sanctoral et le commun des saints par une indication de folio et la transcription entre guillemets de la rubrique, ou la reconstitution entre crochets des rubriques absentes. Le texte des transcriptions restitue les graphies du manuscrit. Les sigles et abréviations de pièces et de répertoires utilisés sont développés en tête du volume : les oraisons ont généralement été identifiées grâce au Corpus orationum, et les pièces de chant le plus souvent à partir des volumes des Analecta hymnica et du Corpus antiphonalium officii. À cette première section succèdent la description codicologique du manuscrit, une note sur son histoire avec la mention de ses cotes anciennes, puis la citation de catalogues et des études qui lui sont consacrées.

Les manuscrits présentés dans ce catalogue ont, pour certains, fait l’objet de descriptions détaillées dans des catalogues de bibliothèques et des répertoires de livres liturgiques : citons le répertoire des Sacramentaires et missels manuscrits des bibliothèques publiques de France de V. Leroquais (1924) où sont décrits le missel# Avranches, Bibl. patr., ms 42# et le sacramentaire# Rouen, Bibliothèque patrimoniale Villon, ms mm 15 (suppl. CGM 116) #, et le répertoire des Bréviaires manuscrits des bibliothèques publiques de France du même auteur (1932) où sont présentés le bréviaire# Avranches, Bibl. patr., ms 39# et le bréviaire BnF, ms NAL 424#. Nous renvoyons le lecteur à la bibliographie associée à chaque manuscrit dans les notices du catalogue ainsi qu’à la bibliographie générale présentée en fin de volume.

Un cahier complémentaire d’illustrations présente l’évolution du système décoratif des manuscrits liturgiques montois, les types de notation musicale utilisés dans ces sources et diverses pièces décrites dans l’introduction (page de calendrier, litanies, fragment de bréviaire). Des références aux planches de ce cahier sont données en tête des notices de manuscrits (abréviation : pl.).

Listes

Liste à puces
Liste à puces tirets
  • « Ambrosii# doct. »
  • F. 71r. (25 avr.) « Marci# evang. »
  • F. 71v. (26 avr.) « Marcellini ep. » #

F. 74r. (8 juin) « Medardi. » #- (11 juin) « Barnabe# apost. » –

Liste à puces tirets
  • F. 72v. (2 mai) « Athanasii# ep. »
  • F. 73r. (8 mai) « Michaelis# archang. » - (9 mai) « In translatione s. Nicholai# (add.). » - (20 mai) « Basilie# uirg. » – F. 73v. (28 mai) « Karauni mart#. » –

F. 74v. (16 juin) « Cyrici et Iulite. » #- (18 juin) « Authberti# ep. »

Liste à puces circle
  • F. 75v. (21 juin) « Leufredi. » #
  • F. 78v. (4 juill.) « Translatio s. Martini ep. » #
  • F. 79v. (11 juill.) « De s. Benedicto#. »

« Arnulfi# ep. » - (21 juill.) « Praxedis uirg. » #- (22 juill.) « Marie Magdalene. » #– F. 80v. (23 juill.) « Apollinaris#. » - (25 juill.) « Iacobi# apost. » – F. 81r. (26 juill.) « De s. Anna# (add.). » - (27 juill.) « Septem dormientium. » #- (28 juill.) « Pantaleonis# mart. » - « Sansonis ep. » #– F. 81v. (31 juill.) « Germani ep. »#

Liste à puces square
  • F. 82v. (3 août) « Inuentio s. Stephani. »#
  • F. 83v. (14 août) « Vigilia Assumptionis s. Marie. » #
  • F. 84v. (20 août) « Philiberti abb. » #- (23 août) « Tymothei# et Appolinaris. »

– F. 85r. (24 août) « Bartholomei# apost. » - « Audoeni ep. » #– F. 86v. (1 sept.) « Victurii ep. » #- (3 sept.) « Ordinatio s. Gregorii. » #- (8 sept.) « Natiuitas s. Marie. » #– F. 88v. (17 sept.) « Lamberti. » #

Liste à puces disc
  • F. 89r. (22 sept.) « Mauritii# sociorumque eius. »
  • (23 sept.) « Paterni ep. » #- (29 sept.) « Michaelis archang. » #– F. 90v. (1 oct.) « Remigii ep. »#
  • F. 91r. (6 oct.) « Fidis uirg. »#

- (9 oct.) « Dionisii# et sociorum eius. » - (11 oct.) « Nigasii# sociorumque eius. » - (13 oct.) « Geraldi conf. »# – F. 91v. (15 oct.) « S. Basoli# conf. » - (15 oct.) « In uigilia s. Michaelis archang. »# – F. 92r. (25 oct.) « Crispini et Crispiniani#. » – F. 92v. (31 oct.) « Quintini mart. »# - « In uigilia omnium sanctorum. »# – F. 93v. (1 nov.) « Benigni mart. »# - (6 nov.) « Melanii ep. »# – F. 94r. (11 nov.) « Martini ep. » #– F. 94v. (13 nov.) « De s. Bricio#. » – F. 95r. (15 nov.) « De s. Macuto#. » - (21 nov.) « S. Columbani# abb. »

Listes ordonnées
Décimal
  1. F. 95v. (25 nov.) « S. Katerine#. »
  2. F. 96r. (30 nov.) « De s. Andrea#. » - (1 déc.) « Ss. Crisanti et Darie# mart. » - (6 déc.) « S. Nicholai# ep. et conf. »
Lower alpha
  1. F. 96v. (7 déc.) « In ordinatione s. Ambrosii#. » - (8 déc.) « In Conceptione s. Marie. » #
  2. F. 97r. (20 juill.) « De sancta Margarita. ».

La fête de la translation de saint Nicolas# (9 mai) a été ajoutée de seconde main au f. 73r. La fête de sainte Marguerite# (20 juill.) fut copiée, de première main, à la fin du sanctoral (f. 97r), mais une oraison fut ajoutée de seconde main au f. 79v, à l’endroit où le texte de la fête aurait dû prendre place : « Deus qui beatam Margaretam uirginem ad celos per martirii… » (cf. CO 1384a-b). La fête de sainte Anne# (26 juill.) a été ajoutée de seconde main au f. 81r. La fête de saint Louis# (25 août), annoncée au f. 85r (« De s. Ludouico quere in fine libri »), fut ajoutée en fin de volume (f. 111r) (relevé non exhaustif) f. 97v. « De apostolis euua[n]gelia. »

Upper alpha
  1. F. 99r. « Euuangelia unius martyris. »
  2. F. 99v. « Euuangelia unius martyris. »
  3. F. 103r. « Euangelia plurimorum martyrum. »
Lower-roman
  1. F. 105v. « Euangelia de confessoribus. »
  2. F. 107v. « Euangelia de abbatibus. »
  3. F. 109r. « Euangelia de uirginibus. ».

F. 111r. Fêtes : « De Eucharistia. » #- (25 août) « De s. Ludouico. » #

Upper roman
  1. F. 111v. Collectes. [Oratio super ebdomadarios] or. « Deus cui humilium semper acepta sunt uota animarum… » #(Gr, t. III, n° 523).
  2. F. 112v. Hymne sur la généalogie des trois Marie : « Anna solet dici tres concepisse Marias… » #(RH 23006).

Or. « Misericors ac piissime Deus qui ubique famulos tuos tueris… » #(Gr, t. III, n° 523). - Or. « Via sanctorum omnium, Domine Iesu Christe, qui ad te uenientibus claritatis… qui locum istum in honore s. Michaelis archangeli consecrasti… » #(cf. CO 6075). – F. 112r. Fête : (1 avr.) [Visitatio s. Marie].#

112 folios. Foliotation médiévale en chiffres romains (XIVe ou XVe siècle) au centre. Foliotation moderne en chiffres arabes (1884).

Disposition : longues lignes. Dimensions : 270 x 200 mm ; 23 lignes (f. 2r) ; justification : 190 x 130 mm (f. 10r). Réglure à la mine de plomb.

Cahiers : 18 (1-8), 28 (9-16), 38 (17-24), 48 (25-32), 58 (33-40), 68 (41-48), 78 (49-56), 88 (57-64), 98 (65-72), 108 (73-80), 118 (81-88), 128 (89-96), 138 (97-104), 146 (105-110), 152 (111-112).

Écriture : textualis formata.

Décoration : initiales filigranées rouges et bleues ; rubriques rouges.

Notation carrée sur quatre lignes rouges (sont notés l’incipit de l’hymne Te decet laus des matines de nombreuses fêtes, ainsi que le chant de l’Exsultet# et la bénédiction du cierge pascal entonnés pendant la vigile de Pâques#